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L’érosion menace les campings du littoral


A 78 ans, Monique Le Barc jouit d’un petit bonheur : un mobil-home au camping de Quiberville, modeste station balnéaire de Seine-Maritime. Il est au fond du terrain, face aux sanitaires où l’on trouve cinq bacs de lavage pour la vaisselle, quatre pour le linge et un pour les coquillages. Quand le camping rouvre, en avril, elle décore la terrasse qui accueillera les amis, la famille et les verres d’anisés.

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C’est sans doute la dernière fois. Le camping va déménager pour la raison même qui faisait son succès : la Manche est de l’autre côté de la rue et la Saâne, un fleuve, coule derrière un talus. Il est menacé de submersion, par l’une, et d’inondation, par l’autre, et le changement climatique empire sa situation. Un nouveau camping est en construction, en retrait de la mer, dans le cadre d’un large plan visant à réunir la mer et la terre plutôt que de la bloquer avec force galets, digues et talus, comme on l’a toujours fait.

A gauche, le mobil-home loué toute l’année par Monique Leblanc. A droite, le bac de lavage pour les coquillages. Au camping de Quiberville (Seine-Maritime), le 26 avril 2022.

Monique Le Barc n’est pas d’accord, car le futur camping n’acceptera pas les « résidents » comme elle ni son mobil-home décati ; mais Quiberville est un modèle, et une rarissime exception. Le déménagement du camping préfigure un avenir pas si lointain, estiment les spécialistes du changement climatique. La multiplication des événements violents pourrait nécessiter de déplacer des terrains installés dans les années 1970, lorsque la loi littoral et la protection des espaces naturels n’existaient pas. Au changement climatique s’ajoute la nouvelle doctrine de l’Etat face aux risques de submersion marine : fini la protection, jugée coûteuse et inefficace à moyen terme, place à l’adaptation.

Le chantier du futur camping, situé plus loin de la mer, à Quiberville (Seine-Maritime), le 26 avril 2022.

La filière du camping, qui représente la moitié des nuitées en hébergement collectif chaque été en France, s’inquiète pour la pérennité de ses plus gros établissements. Elle dit manquer d’outils juridiques pour s’adapter – et survivre. A sa manière, le destin des camping-cars et mobil-homes du littoral français résume l’immense complexité de l’adaptation au changement climatique, mettant aux prises climatologues, élus, urbanistes, juristes, architectes, chefs d’entreprise et administrations.

« Ne pas attendre un nouveau Xynthia »

Le ministère du tourisme évalue à 369 le nombre de campings menacés par le recul du trait de côte. Près du double mordent sur la bande littorale des 100 mètres, et un quart des 7 800 campings français sont exposés à un risque naturel – submersion marine, érosion côtière, inondation, voire chutes de rochers. Ces campings étant les mieux placés, ils représentent la moitié de la fréquentation totale, selon la Fédération nationale de l’hôtellerie de plein air.

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Written by Stephanie

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