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Le “flight tracking” des milliardaires, outil pour dénoncer les injustices climatiques

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Sur les réseaux sociaux, les comptes qui proposent à leurs abonnés de suivre en ligne les trajets des jets privés des milliardaires sont de plus en plus populaires. Une façon de mettre la pression sur ces grands patrons ou stars de la pop, sommés de revoir à la baisse leur train de vie et le bilan carbone qui l’accompagne.

18 juillet 2022, l’avion de Vincent Bolloré effectue trois vols dans la même journée : Toulon-Paris puis un aller-retour Paris-Naples avec une escale de seulement 2 h 30 en Italie. Bilan : 16 tonnes de CO2, selon I fly Bernard, un compte twitter qui, depuis le début du mois de juin, publie les données de vol des jets privés appartenant à des milliardaires français comme François Pinault ou encore Bernard Arnault.

Inspiré par le compte Instagram intitulé “l’avion de Bernard” dédié aux déplacements du patron de LVMH, I Fly Bernard ironise auprès de ses 38 000 abonnés sur les trajets ahurissants effectués par ces avions privés.

“Une petite journée au Maroc et déjà le retour à Paris pour l’avion de Martin Bouygues. Sans doute une envie pressante d’aider ses compatriotes pendant la canicule”, peut-on lire le 19 juillet.


“Ce que j’essaie de dénoncer, c’est leur utilisation des jets privés comme des taxis”, confie à l’AFP le créateur du compte, un ingénieur à la fibre écologique, qui souhaite garder l’anonymat.

Début août, I Fly Bernard a publié le bilan édifiant du suivi du mois de juillet pour six avions détenus par des grandes fortunes françaises. Résultat : 123 heures de vol pour un bilan carbone de 520 tonnes, “l’équivalent des émissions d’un Français moyen pendant 52 ans”.


À l’heure de la sobriété énergétique, “c’est choquant pour l’opinion publique alors que le gouvernement demande aux Français de faire des efforts pour l’hiver prochain”, analyse Béatrice Jarrige, cheffe de projet au sein de l’association Shift.

Pour suivre à la trace ces jets privés, I Fly Bernard s’appuie sur des données ouvertes, en particulier le site américain ADS-B Exchange, qui publie les données de vols que chaque appareil doit transmettre au contrôle du trafic aérien. Le plus difficile reste de trouver l’immatriculation de l’avion pour identifier son propriétaire.

Mauvais “buzz” pour les célébrités

Sur les réseaux sociaux, la publication de ces informations de vol fait régulièrement hurler les internautes et les militants du climat, forçant les célébrités à justifier des vols qui durent parfois quelques minutes seulement.

Dernier exemple en date : le rappeur Drake épinglé pour un vol de 14 minutes le 22 juillet dernier. “Ce sont juste les avions qui sont déplacés vers l’aéroport où ils sont stockés. (…) Personne ne prend ce vol”, a-t-il expliqué sur Instagram, sans parvenir à convaincre.

Quelques jours plus tôt, alors que les températures atteignaient des sommets dans l’ouest des États-Unis et que les pompiers luttaient contre des incendies géants, Kylie Jenner s’offrait un saut de puce d’une poignée de minutes en Californie provoquant un tollé.

“Une bonne partie des émissions en avion est liée aux phases de décollage et d’atterrissage. Plus le parcours est court, plus il est absurde de prendre un avion, en particulier quand il y a très peu de personnes à bord. C’est vraiment la caricature de ce qu’il ne faut pas faire”, assure Béatrice Jarrige.

D’innombrables photos ou vidéos humoristiques ont aussi circulé pour tourner en dérision la chanteuse Taylor Swift, après la publication, fin juillet, d’une analyse de l’agence de marketing Yard, qui la classe comme “la célébrité la plus pollueuse de l’année”, avec 170 vols depuis début 2022.

Un porte-parole de Taylor Swift a affirmé dans la presse que la star “prête régulièrement son jet à d’autres personnes”. “Lui attribuer la plupart ou tous ces trajets est totalement incorrect”.

Le jet privé, symbole des injustices climatiques

Longtemps resté l’apanage des passionnés d’informatique, le “flight tracking” est de plus en plus utilisé par les défenseurs de l’environnement pour dénoncer l’utilisation de jets privés pour des trajets qui pourraient aisément s’effectuer par des modes de transport moins polluants.

Car si le secteur aérien n’est responsable que de 2 à 3 % des émissions mondiales de CO2, les jets privés ont une empreinte carbone par passager 5 à 14 fois supérieure aux vols commerciaux et 50 fois supérieure au train, selon un rapport de Transport & Environment publié en mai.

D’autant que l’aviation privée est en plein essor. Depuis la pandémie de Covid-19, les personnalités les plus fortunées souhaitent éviter les contraintes liées aux suppressions de vol et à la présence du virus dans les aéroports.

>> À lire : L’avion à hydrogène, une vraie fausse promesse écologique ?

Au-delà de son bilan carbone désastreux, ces trajets en jets privés viennent mettre en lumière le décalage entre le train de vie du commun des mortels et celui d’une élite fortunée. Selon une récente étude d’Oxfam France et Greenpeace, le patrimoine financier des 63 milliardaires français émet autant de gaz à effet de serre que celui de la moitié de la population française.

Selon Béatrice Jarrige, le “flight tracking” peut contribuer à faire changer les mentalités des plus grandes fortunes. “Ces personnalités sont sensibles à leur réputation et cela pourrait faire évoluer leurs comportements”, explique l’experte des mobilités longue distance. “D’autant que cela ne paraît pas être une punition si terrible que de renoncer à l’avion pour des trajets aussi courts”.

Avec AFP



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Written by Stephanie

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