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comment la sécheresse attise les tensions autour de l’eau

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Dégradations, sabotages… Alors que les communes prennent des mesures de restrictions face à la sécheresse, la gestion de l’eau suscite de plus en plus de tensions entre les citoyens.

Récupérer les fonds de carafes ou encore l’eau qui sert à laver les légumes pour arroser les fleurs qui ornent la ville de Colmar: une solution que propose le maire de la ville du Haut-Rhin, aux habitants et aux restaurateurs pour faire face aux restrictions d’eau.

“J’invite les Colmariens et en particulier les restaurateurs à verser toutes les eaux de récupération non polluées dans les jardinières et les massifs floraux les plus proches”, écrivait jeudi dans une publication Facebook Eric Straumann, le maire.

Là comme ailleurs, le moindre geste est bon à prendre face aux restrictions d’eau en période de sécheresse. Sur les littoraux, certaines communes ont pris la décision de couper l’alimentation de leurs douches de plage. À Quimper, dans le Finistère, ce sont les fontaines qui vont subir le même sort, dès samedi, rapporte Le Télégramme. Alors, quand certains comportements détonnent par rapport aux règles en vigueur, la tension monte parmi les citoyens.

Des réserves d’eau vandalisées

En Vendée, lundi, deux réserves d’eau ont été détériorées par un collectif écologiste déclarant vouloir dénoncer par ce geste l’agriculture industrielle. “Les méga-bassines sont le pansement d’une agriculture-industrielle en bout de course. Une industrie qui, à la place de nous nourrir, tue les poissons et les abeilles”, revendiquait le groupe dans un communiqué.

Si aucune déperdition d’eau n’a été constatée, l’action a eu pour effet d’exacerber la colère générale dans un département où le taux de remplissage des barrages ne fait que baisser en ce moment: selon un point de la préfecture fin juillet, ceux-ci n’atteignaient que 65%.

“Alors que l’ensemble du territoire métropolitain subit une sécheresse historique et que nous devons plus que jamais préserver les ressources en eau, des réserves d’eau ont été vandalisées en Vendée. […] Illégal, irresponsable, inadmissible: ces actes ont des conséquences dommageables pour le territoire, les activités humaines, agricoles et économiques”, s’est insurgé le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, sur Twitter, mercredi.

“Réveillez-vous!”

Mi-juillet, c’est un vol de grande ampleur qui a largement été pointé du doigt dans ce contexte de sécheresse. En Ardèche, près de 400 mètres cube d’eau dévolus à la lutte contre les incendies ont été “empruntés” sans autorisation par un club de moto-cross qui souhaitait arroser sa piste.

“Je ne comprends pas. Qu’est-ce qui fait qu’avec un été comme cette année, où les canicules se succèdent, où il y a un risque incendie très élevé en Ardèche, on puisse comme ça prélever sans rien dire à personne un tel volume d’eau?”, s’indignait Max Tourvieilhe, le président de l’intercommunalité du bassin d’Aubenas sur Europe 1.

Face au non-respect des restrictions, certains se livrent même à ce qui ressemble à des expéditions punitives. À Gérardmer dans les Vosges, où la situation est particulièrement critique tant l’eau potable manque, les jacuzzis de plusieurs maisons ont été percés, comme le rapportent nos confrères de Vosges Matin. Avant de partir, les saboteurs ont pris soin de laisser un mot révélateur: “L’eau, c’est fait pour boire! Vous massacrez les Vosges… Plus sérieusement: la planète va mal, réveillez-vous!”

Des crises qui s’accumulent

Ici, des activistes bouchent les trous de deux terrains de golf toulousains pour dénoncer l’arrosage à outrance; là, une commune du Nord se voit contrainte de couper l’eau de son cimetière à cause de vols… Perçue comme une denrée rare, l’eau devient source d’inquiétude et de frictions entre les citoyens. Mais le phénomène n’est pas étonnant en temps de crise, comme l’explique la sociologue Lucile Ottolini.

“Ça n’a rien de contemporain: ces périodes de manque exacerbent les tensions, qu’elles soient nouvelles ou non. Si le passage à l’acte reste rare, le ressentiment peut être important”, souligne-t-elle.

Par exemple, dans le cas des spas éventrés dans les Vosges, le conflit ne fait que se superposer à un contexte local compliqué de développement touristique de la région. “L’accès au logement est plus compliqué, comme l’accès au travail… La crise de l’eau fait que les inégalités qui existaient avant vont être encore moins acceptées”, note la sociologue.

Des crises qui s’accumulent

Pour expliquer les conflits qui se forment autour de la sécheresse, il faut aussi prendre en compte une succession de crises plus globales qui peuvent avoir un impact sur le moral et tendre davantage les relations entre citoyens.

“La situation était déjà critique pour les agriculteurs et les professionnels du tourisme notamment, dans un contexte fragilisé par le Covid-19, la crise agricole et les incertitudes sur l’avenir liées à la hausse des prix de l’énergie. Les restrictions en eau viennent rajouter une pression supplémentaire qui peut être insupportable”, décrypte la géographe et climatologue Magali Reghezza, auprès de BFMTV.

De quoi alimenter les conflits entre les différents acteurs, notamment dans les régions rarement touchées par ce genre de problème. “Dans les territoires où ces questions se posent de manière récurrente, il y a une tradition d’échange. Ce n’est pas le cas dans ceux où ce type de pénurie est très rare: là, il peut y avoir des tensions parce que les habitants n’ont pas l’habitude de composer avec le manque d’eau”, poursuit la géographe.

“Mesures incohérentes et discours contradictoires”

Dans ces situations particulières, ce sont généralement les mesures “au cas par cas” qui font grincer des dents. “Il y a une grande incompréhension autour de mesures incohérentes et de discours contradictoires”, affirme Magali Reghezza, citant l’exemple des “petits gestes” demandés aux citoyens quand des clubs de golf continuent d’arroser leurs pelouses malgré la pénurie qui guette.

En soi, “l’arrosage des terrains de golf ne représente pas grand-chose en quantité. Mais du point de vue symbolique, c’est dramatique”, souligne-t-elle.

C’est donc le message renvoyé par ces mesures particulières qui peut susciter un sentiment d’injustice. Une sensation qui, elle, n’est pas nouvelle. “Ces tensions sont l’aboutissement de tendances beaucoup plus profondes, révélatrices de la crise de démocratie que l’on vit”. Comprendre par-là: le dialogue entre les différents acteurs est rompu, rendant impossible la concertation et la prise de décision collective afin que chacun ait sa voix au chapitre.

Réinventer le “vivre-ensemble” autour de l’eau

Face à cette impasse, des solutions existent, défend la géographe. Un point sur lequel s’aligne Lucile Ottolini. “Le vivre-ensemble autour de l’eau va devoir changer au cours des prochaines années. La crise environnementale va forcément créer de nouvelles tensions”, souligne-t-elle en ajoutant que la solidarité devrait, elle aussi, se renforcer en parallèle.

“On a déjà des situations de restrictions massives sur certains territoires qui passent très bien, parce que les gens se sentent soutenus”, commente Magali Reghezza. “Les associations, les médiateurs et autres corps intermédiaires sont essentiels pour rétablir l’échange. Plus on est en situation de crise, plus on a besoin de dialogue pour désamorcer les tensions”… et éviter d’en arriver à une “guerre de l’eau”.

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