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Après la grippe aviaire, le lent retour des canetons dans les fermes du Périgord


Ils ne sont encore qu’une poignée, mais leurs pépiements sont suffisamment bruyants pour qu’on les remarque. Après trois mois de vide sanitaire imposé par les mesures prises dans le cadre de la lutte contre la grippe aviaire qui a touché la Dordogne au printemps, les canetons sont de retour sur le domaine de Loqueyssie, la ferme d’élevage créée de toutes pièces par Valérie Dumaure et son mari dans le village de Grange-d’Ans, au nord-est de Périgueux. « Nous avons reçu un premier lot de 280 canards de Barbarie le 6 juillet, quelques jours après la levée des restrictions en vigueur dans notre zone, puis un deuxième de taille équivalente le 26 juillet », détaille Valérie Dumaure, soulagée « de voir la vie reprendre doucement sur sa ferme ».

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Certes, ce n’est pas avec 560 canetons que le couple d’éleveurs pourra reconstituer ses stocks, inexistants ou presque. Mais au moins aura-t-il la satisfaction de pouvoir honorer les commandes de sa clientèle à Noël. « C’est en soi une grande chance, reconnaît Mme Dumaure, consciente d’appartenir à une minorité de privilégiés. Le fait d’élever des canards de Barbarie nous a sans doute aidés à en trouver plus vite que si nous avions eu besoin de nous approvisionner en mulards, plus courants et très demandés. Toutes les fermes d’élevage qui en ont habituellement à cette époque sont à la peine pour trouver des canetons. »

Cheptels d’animaux reproducteurs décimés

En Dordogne, entre avril et juin, quarante-cinq foyers d’influenza aviaire ont été détectés, et près de 400 000 volailles, pour l’essentiel des palmipèdes, ont été euthanasiées parce que malades, ou à titre préventif. Depuis, la Dordogne « est l’un des trois départements, avec le Lot et le Lot-et-Garonne, où s’approvisionner en canetons de un jour est presque mission impossible », s’alarme Patrice Marcelly, le directeur de Terres du Sud, l’une des plus grosses coopératives de production de palmipèdes du Sud-Ouest.

« Les bêtes qui font aujourd’hui défaut aux éleveurs manqueront demain aux gaveurs » Olivier Palencher, gaveur

A l’inverse des Landes, qui disposent d’un couvoir, le Périgord paie ni plus ni moins que sa dépendance aux accouveurs de la Vendée ou encore des Deux-Sèvres. L’épizootie aviaire qui a sévi dans ces deux départements pendant l’hiver 2021 a décimé les cheptels d’animaux reproducteurs. Bilan : peu ou pas d’œufs dans les couvoirs, contraints de livrer les rares spécimens disponibles au compte-gouttes.

A Coulounieix-Chamiers, près de Périgueux, le couvoir de la ferme de La Peyrouse, attenante au lycée agricole, attend toujours une livraison d’œufs qui ne vient pas. « L’activité est à l’arrêt depuis plusieurs semaines », explique Eric Botiveau, le responsable du domaine, d’où sortent d’ordinaire, par an, entre 500 000 et 600 000 canetons de un jour.

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La filière avicole s’enfonce dans un désert dont elle ne verra probablement pas le bout avant le printemps 2023. « Les bêtes qui font aujourd’hui défaut aux éleveurs manqueront demain aux gaveurs », prévient Olivier Palencher, gaveur à Vergt, au sud de Périgueux et président de l’Association des producteurs de canards du Périgord, créée en avril 2022 pour aider les professionnels touchés par le virus et ses conséquences. « Au mieux, présume l’intéressé, le gavage pourra reprendre à l’automne. » Trop tard pour garantir du foie gras en quantité raisonnable à Noël. « On aura 70 % de volume en moins pour les fêtes », conclut avec inquiétude M. Marcelly.

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