Alors qu’un épisode de sécheresse historique touche la France, ayant d’importantes conséquences pour le secteur agricole, et, dans certaines communes, pour l’eau à vocation domestique, fort heureusement l’Hexagone ne connaît pas l’impact du stress hydrique sur ses entreprises high-tech et industrielles. Ailleurs dans le monde, la situation est cependant tout autre.
Des hubs technologiques névralgiques sont dorénavant menacés par le manque d’eau. La ville de Monterrey (Mexique), qui jouxte le Texas, connaît ainsi depuis quelques semaines pénurie et rationnement avec un impact fort sur ses 5,3 millions d’habitants, mais également sur les entreprises industrielles et technologiques qui s’y trouvent, manquant d’eau pour leur process de fabrication. La situation est devenue tellement sensible que le gouvernement mexicain a annoncé que le manque de pluie à Monterrey posait un problème de sécurité nationale.
Cette situation n’est pas sans rappeler le manque d’eau chronique qui touche dorénavant Bangalore, la Silicon Valley indienne. De même, Taïwan, qui concentre la production mondiale de puces, essentielles au fonctionnement des téléphones cellulaires, des voitures et des matériels militaires, connaît un manque inquiétant de pluviométrie l’été lors de la saison des typhons, qui lui fournit pourtant normalement la majeure partie de ses réserves en eau. Sur l’île, la raréfaction de l’eau devient ainsi un problème structurant occasionné par le changement climatique, risquant de provoquer une baisse des capacités de production de cette activité stratégique, incarnée par Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC), qui détient 92 % du marché mondial.
Elément de vulnérabilité
Fabriquer des puces nécessite en effet l’utilisation d’une eau ultrapure, produite généralement à partir d’un réseau public d’approvisionnement. Pour fournir 1 mètre cube d’eau 1 000 fois plus pure que l’eau du robinet, il est ainsi besoin de 1,4 à 1,6 mètre cube d’eau. Par ailleurs, l’eau distribuée en usine est également utilisée pour le refroidissement des équipements et des centres serveurs, qui permettent de graver des puces de 2 nanomètres, faisant la richesse et la spécificité de cette activité de très haute technologie.
La disponibilité en eau est ainsi à considérer comme un élément manifeste de vulnérabilité pour l’activité des semi-conducteurs, d’une importance aussi cruciale pour l’économie mondiale. Dans ce contexte, il est ainsi étonnant de voir que l’administration Biden entend faire de l’Arizona un nouveau hub mondial de cette technologie.
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