La sécheresse est là mais son traitement agricole est trop souvent résumé au seul problème de l’irrigation. Or, les paysannes et paysans subissent tous ce manque d’eau et s’exposent à des pertes économiques, qu’ils irriguent ou non. En France, selon le recensement général agricole de 2020, 7,3 % de la surface agricole utile est irriguée, une part relativement faible bien qu’en progression. La problématique est donc bien plus large : comment répondre aux enjeux d’une agriculture à même de faire face aux épisodes de sécheresse et préserver la ressource en eau ?
L’agriculture industrielle détruit les ressources naturelles. Elle draine, elle rectifie les cours d’eau afin d’évacuer l’eau des sols au détriment de sa circulation naturelle et de la recharge des nappes phréatiques ; elle consomme des intrants chimiques de synthèse au détriment de la vie des sols ; elle s’affranchit des haies, d’une végétation dense et des systèmes racinaires qui vont avec. En un mot, elle assèche les sols. Face à la situation actuelle, elle exige davantage de stockage artificiel, par le biais des « mégabassines » et s’approprie l’eau pour des pratiques toujours surconsommatrices et dévastatrices. Feignant d’ignorer le cycle de l’eau, ses choix accélèrent le problème au lieu de le résoudre.
La sécheresse extrême que nous vivons appelle à ne pas céder à la pression de l’agro-industrie et à agir urgemment en sens inverse.
Agir sur les causes
Une fois de plus le gouvernement est dans la réaction à court terme, en mobilisant les préfets pour organiser des réunions sur la sécheresse dans tous les départements. Si on peut souligner l’intérêt de ces temps d’alerte et de concertation, nous ne pouvons nous satisfaire d’une gestion des crises successives sans agir sur les causes qui les font advenir.
Dans le même temps, le syndicat agricole majoritaire promeut le modèle espagnol qui a développé des infrastructures pour stocker l’eau… en omettant de préciser qu’il est aujourd’hui impossible de les remplir car l’aridité gagne l’ensemble du pays.
Il manque, à vrai dire, une réelle réflexion de fond, que le Varenne de l’eau, une large concertation conclue en février, lui-même a déjà esquivée. Les problèmes engendrés par ces sécheresses récurrentes ne se posent pas qu’à l’agriculture et les solutions à mettre en œuvre doivent l’être dans l’intérêt général de la société.
Accompagner le changement de pratiques
D’abord, il faut répartir la ressource de manière équitable, en fonction de priorités essentielles. Tout doit être mis en œuvre pour éviter que les populations se trouvent en rupture d’eau potable saine. Pour l’usage agricole, il convient de réserver d’abord la consommation d’eau, dans la limite d’un volume prélevable réellement adapté au milieu, à des productions à forte valeur ajoutée en emplois et qui participent à la souveraineté alimentaire locale.
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