C’est une mauvaise nouvelle de plus pour le consommateur européen. Gros exportateur d’électricité, la Norvège a annoncé qu’elle pourrait suspendre ses livraisons vers l’Europe dans les prochains mois. Cette fois, ce n’est pas la pénurie de gaz russe qui est en cause, mais le changement climatique, responsable de l’assèchement des réservoirs d’eau, qui alimentent les 1 700 centrales hydroélectriques à l’origine de plus de 90 % de l’électricité produite par le pays.
En général, au début du mois d’août, les lacs de retenue, en amont des barrages, sont remplis à 78,9 %, selon la direction norvégienne des ressources en eau et de l’énergie (NVE). En cette année 2022, ils ne sont pleins qu’à 68,4 %. En cause : le niveau exceptionnellement bas des précipitations, depuis deux ans. La situation est particulièrement préoccupante dans le sud-ouest de la Norvège, où les réservoirs ne sont remplis qu’à 50,4 %. C’est justement depuis cette région que ce pays de 5,4 millions d’habitants, deuxième fournisseur de gaz en Europe, livre une bonne partie de son électricité à ses voisins européens et britanniques.
En 2021, ses exportations ont atteint 25,8 térawattheures (TWh), soit une hausse de 30 % par rapport à 2020. Ce record s’explique en partie par la mise en service de deux nouveaux câbles reliant l’Allemagne et le Royaume-Uni à la Norvège, qui fournit aussi de l’électricité à la Suède, à la Finlande et au Danemark. Mais si ses exportations ne cessent de croître, les capacités de production du royaume scandinave augmentent beaucoup plus lentement. D’où une mise en garde de la NVE, dès le mois de juin.
Mesures de rationnement
S’alarmant du faible niveau de remplissage des bassins d’eau, la direction norvégienne a appelé les électriciens à modérer leur production, en dépit de la hausse des prix sur le marché européen, afin de permettre aux réservoirs de se reconstituer d’ici cet automne, et d’éviter une grave crise énergétique. Dans une tribune, publiée le 27 juin dans le quotidien Aftenposten, le directeur de la NVE, Kjetil Lund, rappelait aux électriciens leur « responsabilité de gérer non seulement une marchandise, mais une ressource essentielle pour la société ». Il leur demandait de « retenir l’eau pour que le remplissage du réservoir à l’automne soit suffisamment élevé afin de faire face aux imprévus de l’hiver et du printemps prochains ».
De son côté, Statnett, l’opérateur du réseau électrique norvégien, a averti que des mesures de rationnement pourraient être imposées à partir du mois d’octobre, incluant la fermeture d’industries, la hausse des tarifs ou même des coupures d’électricité. Une perspective qui suscite l’inquiétude et la colère des Norvégiens, habitués à payer leur électricité à des petits prix, et qui voient leurs factures s’envoler. En décembre 2021, le gouvernement norvégien, dirigé par le travailliste Jonas Gahr Store, avait annoncé un premier plan d’aide, destiné à alléger le coût pour le consommateur.
Il vous reste 28.26% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.