Bonne nouvelle pour Patrick Drahi et ses investissements dans BT, l’opérateur historique du Royaume-Uni. Après une enquête de trois mois pour motif de sécurité nationale, Londres a validé la montée au capital du milliardaire franco-israélien, devenu l’année dernière le premier actionnaire du groupe, a annoncé mardi le gouvernement britannique. En Bourse, l’action BT a bien réagi avec une hausse de +1,7 % un peu avant midi.
Pour rappel, le patron-fondateur d’Altice (la maison-mère de SFR et des chaînes BFM) avait dépensé plus de 2 milliards d’euros en juin 2021 pour prendre 12 % du capital de BT, avant de monter sa part à 18 % quelques mois plus tard. Son arrivée chez l’opérateur, alors détenu majoritairement par Deutsche Telekom, avait créé la surprise dans le secteur pourtant habitué aux « coups » de Patrick Drahi. Et lancé un débat sur les véritables intentions industrialo-financières du patron d’Altice outre-Manche.
Examen attentif
Patrick Drahi, de son côté, a toujours assuré qu’une OPA complète n’était pas à l’ordre du jour, et que son investissement était surtout motivé par les perspectives de croissance dans la fibre optique. Le Royaume-Uni est l’un des pays les moins fibrés d’Europe, avec seulement 29 % de couverture à la fin 2021, selon le FTTH Council. Un chantier auquel Altice compte bien participer, après avoir été l’un des plus gros installateurs de fibre en France avec Orange.
Les télécoms étant un secteur stratégique proche du régalien, le Royaume-Uni avait malgré tout lancé une enquête fin mai, dans le cadre du National Security and Investment Act, un nouveau texte permettant au gouvernement de bloquer des opérations mettant potentiellement en cause la sécurité nationale, ou d’imposer des remèdes.
Censée durer un mois, l’enquête avait été prolongée jusqu’en août, le temps pour les enquêteurs de rassembler davantage de pièces. Or, « après un examen attentif, le gouvernement ne prendra pas de mesures » sur la montée au capital de Patrick Drahi, écrit le ministère de l’Economie, de l’Energie et de la Stratégie industrielle.
Des enquêtes « au cas par cas »
Pour autant, le Royaume-Uni reste prudent sur de potentielles futures opérations. « Le gouvernement veillera toujours à protéger l’infrastructure télécoms nationale du Royaume-Uni », assure le gouvernement. « Les acquisitions étant examinées au cas par cas, n’importe quelle transaction future pourrait faire l’objet d’une enquête séparée ».
Patrick Drahi il est vrai est le seul maître à bord depuis qu’Altice est sorti de la Bourse début 2021. Pour autant, le groupe reste très endetté, et le contexte financier n’est plus le même aujourd’hui avec la guerre en Ukraine et la remontée des taux. Par ailleurs Altice affronte parallèlement un chantier plus urgent aux Etats-Unis. Le groupe investit massivement dans la fibre mais reste encore loin derrière ses concurrents en termes d’abonnés.
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