L’UFC-Que choisir relance l’alerte sur les fournitures scolaires, six ans après son premier travail sur le sujet. Selon l’association, qui a publié une étude jeudi 25 août, 40 % des fournitures sont fabriquées avec des composants potentiellement dangereux.
L’UFC a testé une trentaine de produits (stylos bille, feutres, surligneurs, crayons ou cartouches d’encre). Beaucoup d’entre eux contiennent des « phtalates reprotoxiques et perturbateurs endocriniens, impuretés cancérogènes, hydrocarbures aromatiques polycycliques, isothiazolinones, benzyl alcool, toluène et benzène », énumère l’association.
Ces composants sont connus pour être susceptibles de provoquer de multiples pathologies qui vont des allergies aux cancers, même si ces risques restent théoriques en l’absence d’étude concrète sur leur effet pour la santé des élèves.
Résultats « calamiteux » pour les stylos bille
L’association de défense des consommateurs insiste notamment sur les résultats « calamiteux » concernant les stylos bille et déconseille aux parents d’en acheter à leurs enfants « compte tenu du cocktail de substances nocives retrouvées dans la totalité des références testées », de Bic à Paper Mate, en passant par le Pack éco ou Pilot.
A l’inverse, l’UFC note que les surligneurs « s’en tirent plutôt bien dans leur composition », exception faite de la marque Boss, tout comme les feutres de coloriage, catégorie dans laquelle cinq références sur les six testées ne comportent aucun composant cancérogène et une seule référence contient des allergènes cutanés.
L’association note aussi que la marque n’est pas une garantie de qualité puisque des articles de marques reconnues sont « susceptibles d’être plus problématiques que ceux de la grande distribution ».
« Ni les fabricants ni les autorités nationales ou européennes n’ont pris la mesure de ce sérieux problème de santé publique, d’autant plus grave qu’il concerne une population vulnérable », dénonce l’association, au regard de la faible amélioration des résultats entre son étude publiée jeudi et celle réalisée en 2016.
L’association souligne, par exemple, qu’il n’existe pas d’obligation, pour les fournitures, de lister les allergènes qu’elles contiennent sur l’emballage. Les industriels ont aussi le droit « d’opter ou non pour la réglementation CLP [Classification, Labelling, Packaging] imposant des pictogrammes de danger, lorsque la composition le justifie », regrette l’UFC-Que choisir, qui affirme que « l’absence de mise en garde, dès lors qu’un produit renferme des molécules toxiques, constitue une tromperie ».
Appel à une réglementation européenne
Le risque est toutefois suffisamment considéré par les autorités sanitaires pour que l’une d’entre elles, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), s’en soit préoccupée au début de l’été. Sur la base de travaux qui comprenaient d’ailleurs de précédents tests de l’UFC-Que choisir, elle avait jugé la législation insuffisante au niveau français comme européen.
Elle avait demandé à aligner la législation européenne sur celle, bien plus restrictive, en vigueur pour les jouets, reprenant une demande déjà exprimée de longue date par l’UFC-Que choisir.
Celle-ci l’a réitérée à l’occasion de son test de jeudi, demandant à la France de porter le sujet au niveau européen. « Quasiment aucun de ces produits n’est hors la loi au regard de sa composition du fait d’une réglementation européenne aussi laxiste qu’ubuesque », juge-t-elle.
Une exception toutefois : un stylo acheté dans un magasin de la chaîne B&M, apparaît d’ores et déjà illégal, selon l’étude de l’UFC-Que choisir, qui appelle à son retrait immédiat.