Petit, il a tout mis en œuvre pour atteindre son objectif : devenir le meilleur handballeur du monde, le plus vite possible. Quelques décennies plus tard, son rêve de gosse largement exaucé, Nikola Karabatic s’est fixé un nouveau défi : rester au sommet le plus longtemps possible. A 38 ans, vingt de plus que lors de sa première sélection en équipe de France, celui qui est unanimement considéré comme l’un des plus grands joueurs de hand de tous les temps ne cesse d’étonner par ses capacités physiques et mentales, et sa longévité. Par ses facultés hors norme de cicatrisation et de réathlétisation après blessure, aussi.
En mai 2021, « Niko » a repris la compétition avec son club, le Paris Saint-Germain Handball, sept mois seulement après une rupture du ligament croisé antérieur du genou droit. Un délai court pour une telle lésion dans un sport aussi exigeant physiquement que le handball. Trois mois plus tard, il occupait la ligne arrière de l’équipe de France pour les JO de Tokyo, et accrochait à son cou une médaille d’or olympique. Une de plus.
Né à Nis (ex-Yougoslavie, aujourd’hui en Serbie), d’une mère serbe et d’un père croate, Karabatic avait déjà remporté trois médailles olympiques, dont deux en or, vingt championnats de France, d’Allemagne et d’Espagne (en 21 saisons professionnelles), été couronné quatre fois champion du monde et auréolé à trois reprises du titre de « meilleur handballeur de l’année » (2007, 2014 et 2016).
Héritage familial
Mais que dit la science du phénomène Karabatic ? Officiellement, pas grand-chose. « La première fois que j’ai rencontré un médecin spécialisé dans le sport, c’était vers 14-15 ans, raconte le joueur, interrogé par Le Monde, juste avant sa pause estivale, au stade Pierre-de-Coubertin (Paris 16e). Comme notre sport s’est professionnalisé assez tard, le vrai suivi médical et scientifique s’est aussi fait très tard, le peu de moyens qu’il y avait n’était pas investi là. »
Même lui, star des stars de ce sport désormais dans la lumière, reste peu sollicité par les chercheurs. « Je le ferais avec grand plaisir, si on m’expliquait l’objectif et l’utilité », précise le champion. Pourtant, les questions ne manquent pas. A commencer par l’influence de la génétique familiale. Son père, Branko (qui fut son premier entraîneur et mentor), a joué dans l’équipe nationale de hand de Yougoslavie, comme gardien de but. Son frère cadet et coéquipier au PSG, Luka, 34 ans, partage avec son aîné un certain nombre de titres et de médailles. Si aucune recherche de gènes de prédisposition n’a été effectuée, aux dires du joueur, il ne manque jamais de souligner le poids de l’héritage familial dans sa réussite.
Il vous reste 78.08% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.