Tout ce qui s’est produit durant l’été invite à une action radicale, résolue et de long terme pour passer du monde de l’abondance à celui de la sobriété. Le chaînon manquant est la main de fer susceptible de conduire cette délicate transformation dans la durée et sans trop d’à-coups. Tel est le paradoxe de cette rentrée politique entièrement dictée par les implications de la crise énergétique et du réchauffement climatique et pourtant dominée par l’affaiblissement relatif de l’exécutif, la vulnérabilité de la majorité et la radicalité des oppositions.
A l’aube du précédent quinquennat, Emmanuel Macron apparaissait comme le roi du pétrole, à peu près tous les pouvoirs semblaient découler du sien. Cinq ans plus tard, c’est un président entravé qui doit conduire, à l’aveugle, la grande transformation du pays. A la perte de la majorité absolue à l’Assemblée nationale s’ajoute pour lui l’impossibilité constitutionnelle de prétendre à un nouveau mandat en 2027. Son autorité s’en trouve automatiquement affaiblie. Elle n’est pas seulement durement contestée par l’opposition. Elle est concurrencée, au sein de la majorité, par l’affirmation d’ambitions qui, pour être légitimes, n’en sont pas moins encombrantes : c’est le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, qui a donné le la pendant les débats parlementaires de l’été.
L’heure est grave, mais il ne suffira pas au président de la République de proclamer comme il l’a fait, mercredi 24 août, en conseil des ministres, « la fin de l’abondance, la fin de l’insouciance, la fin des évidences » pour mettre le pays en ordre de bataille. Après une campagne électorale marquée par une surenchère multipartisane autour de la défense du porte-monnaie, il était, certes, impératif que les mots présidentiels actent la dure réalité. Mais pour passer à l’action, il manque toujours la vision et le récit : quel type de transformation le président de la République entend-il enclencher ? Vers quel modèle de société veut-il aller ? L’absence de réponse claire était le point faible de sa campagne présidentielle. Sans approfondissement, Emmanuel Macron aura le plus grand mal à contenir ses adversaires.
Sur le plan idéologique, beaucoup de temps a été perdu durant le premier quinquennat. En l’état actuel, le macronisme se résume à quelques concepts flous : l’humanisme, le progrès, l’Europe, alors que l’écologie, qui s’impose comme la grande cause nationale, ne vient pas spontanément à l’esprit. La sobriété ne faisait pas partie du logiciel de départ d’Emmanuel Macron. Comme le reste, le thème a été insuffisamment travaillé par ses partisans. La République en marche est restée à l’état de mouvement d’accompagnement, soumis au bon vouloir du chef qui voulait avant tout conserver les mains libres.
Il vous reste 53.96% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.