Les plages du Lac-Saint-Jean ont de quoi faire envie aux gens des grands centres. Une caractéristique que ne partage pas celle de Chambord, jonchée de matières organiques tout le long du littoral.
La problématique est présente depuis plusieurs années, mais rien n’a encore changé. «Ça fait cinq ans que je suis ici, ça fait cinq ans qu’on entend dire qu’ils vont enlever les copeaux», a déploré Monique Bouchard, une campeuse saisonnière installée au Camping Chambord.
Mme Bouchard fait partie des 80 saisonniers du camping Chambord. L’endroit est magnifique, mais il perd du cachet en raison de cette matière organique qui recouvre les berges.
«L’an dernier, on descendait au bout du quai et j’en avais jusqu’aux hanches quasiment. Pour la baignade et tout, c’est désagréable. On a quand même dû se faire un quai, c’est des coûts pour notre organisation. On a gratté, on en a enlevé, mais ça revient toujours», a-t-elle déploré.
«Cette matière-là m’a fait fuir. Maintenant, je vais me baigner au Lac-Bouchette», a admis un autre saisonnier, Jean Fillion.
«Je ne suis même pas prêt à dire qu’il y a une plage. Elle est complètement recouverte. Là-bas, ce n’est pas juste un problème, c’est très grave», a constaté Philippe Savard-Hudon, le propriétaire de Chalets et spa Lac-Saint-Jean. Son terrain est adjacent au Camping Chambord .
La municipalité est consciente de la problématique et tente de trouver des solutions. Elle tient à aviser la population que la matière qui jonche le sol n’est pas dangereuse, mais que la sécurité est de mise et qu’il faut faire attention où l’on met les pieds.
«C’est des résidus de bois qui sont décomposés qui créent cette matière organique là. C’est un phénomène naturel, c’est important de le mentionner. Ça a toujours existé, il y en a un peu partout au Lac-Saint-Jean, mais cependant, ça s’est accentué», a expliqué le maire, Luc Fillion.
Quelle est la cause ?
Au début des années 90, deux murets de pierres, appelés des épis, ont été installés. Leur présence sert à réduire l’érosion. Cette solution a toutefois créé une autre problématique, puisqu’elle concentre la matière au même endroit. La qualité de la plage est donc impactée, ce qui cause des désagréments non seulement pour les résidents, mais aussi pour le tourisme.
«On veut emmener des touristes, on veut diversifier l’offre au lac pour exploiter ce beau secteur-là. Mais la biomasse qui se dépose sur la plage et qui va en s’accentuant, c’est certain que ça nous freine», a mentionné Philippe Savard-Hudon.
«C’est aussi la réputation du Lac-Saint-Jean. Un touriste qui vient ici, qui voit cette matière organique là sur la plage […]. Ce n’est pas attirant, d’où l’importance de corriger la situation et de trouver des pistes de solutions qui sont les plus durables possible», a ajouté le maire.
En 2010, des travaux d’excavation ont pourtant été effectués pour nettoyer la plage.
«Ça a été la solution qui a donné plus de résultats, moins d’accumulation, c’était plus contrôlé et acceptable pour les citoyens», a-t-il admis.
Mais depuis, les normes environnementales ont changé. «C’est beaucoup plus compliqué d’avoir des autorisations du ministère de l’Environnement pour pouvoir faire le nettoyage en question», a expliqué M. Chiasson.
Entre les mains du ministère
La ville de Chambord doit maintenant prouver au ministère de l’Environnement que la matière organique qui sera retirée sera utilisée à d’autres fins. Elle s’affaire actuellement à documenter le phénomène avec l’aide d’un conseil regroupant plusieurs citoyens. Une demande d’autorisation a été soumise au ministère. C’est lui qui aura le dernier mot pour donner le coup d’envoi des travaux de nettoyage.
«On ne peut rien faire tant qu’on n’a pas l’autorisation du ministère de l’Environnement. Le ministère nous limite à 5000 mètres carrés», a dit le maire.
Si la municipalité souhaite que le périmètre visé soit plus grand, les demandes d’autorisation seront plus complexes et assurément plus longues.
«5000 mètres carrés, ce serait déjà un bon début», a constaté M. Chiasson.
Les opérations de nettoyage peuvent se faire uniquement au printemps, lorsque le niveau du Lac-Saint-Jean est bas. La municipalité espère donc obtenir l’autorisation du ministère d’ici le printemps prochain.