Les derniers préparatifs de la nouvelle mégafusée de la NASA pour la Lune avaient pris du retard, samedi 3 septembre, à cause d’une fuite de carburant détectée à quelques heures du décollage de cette mission test, qui doit lancer le nouveau programme Artemis, cinquante ans après le dernier vol d’Apollo.
Le décollage est prévu à 14 h 17, heure locale (20 h 17, heure de Paris), du pas de tir 39B du centre spatial Kennedy, en Floride, et reste possible au cours des deux heures suivantes, si nécessaire. Les conditions météo sont favorables à 60 % au début de cette fenêtre de tir, puis s’améliorent peu à peu jusqu’à 80 %.
Peu avant 6 heures, heure locale (12 heures, heure de Paris), l’aval était donné pour commencer le remplissage des réservoirs de la fusée avec son carburant cryogénique – au total, environ trois millions de litres d’hydrogène et d’oxygène liquides ultra-froids.
Mais un peu plus d’une heure plus tard, une fuite a été détectée au pied de la fusée, au niveau du tuyau par lequel passe l’hydrogène jusqu’au réservoir. Le flot a été stoppé pendant que les équipes cherchaient une solution. La NASA n’a pas précisé à quel point ce problème pourrait affecter ou non l’heure de décollage.
Lundi, lors d’une première tentative, le lancement avait été annulé au dernier moment à cause de problèmes techniques, concernant notamment le refroidissement des moteurs.
En cas de nouvel empêchement samedi, le décollage de la fusée orange et blanche SLS, dont ce sera le baptême de l’air, pourrait éventuellement être reprogrammé pour lundi ou mardi. Il faudra ensuite attendre le 19 septembre au plus tôt, en raison des positions de la Terre et de la Lune.
Un tremplin pour un voyage vers Mars
Le but de cette mission non habitée, nommée Artemis-1, est de vérifier que la capsule Orion, au sommet de la fusée, est suffisamment sûre pour transporter à l’avenir des astronautes. Grâce à ce nouveau vaisseau, l’agence spatiale américaine entend renouer avec l’exploration humaine lointaine, la Lune étant mille fois plus éloignée que la Station spatiale internationale.
Surtout, la NASA compte cette fois y établir une présence humaine durable, afin d’en faire un tremplin pour un voyage vers Mars.
En plein week-end prolongé aux Etats-Unis, jusqu’à 400 000 personnes sont attendues pour admirer le décollage, notamment depuis les plages environnantes. De nombreux astronautes ont également fait le déplacement, dont le Français Thomas Pesquet.
Plus que quelques heures sur Terre pour ce magnifique engin : la fenêtre de tir ouvre à 20:17. La météo est bonne e… https://t.co/Qfu707foS3
En cas de succès, deux minutes après le décollage, les propulseurs d’appoint retomberont dans l’Atlantique. Après huit minutes, l’étage principal se détachera à son tour. Puis, au bout d’environ une heure et trente minutes, une dernière poussée de l’étage supérieur mettra la capsule sur le chemin de la Lune, qu’elle mettra plusieurs jours à atteindre. Le voyage doit durer environ six semaines au total. Orion s’aventurera jusqu’à 64 000 kilomètres derrière la Lune, soit plus loin que tout autre vaisseau habitable jusqu’ici.
Un parcours de 2,1 millions de kilomètres
L’objectif principal d’Artemis-1 est de tester le bouclier thermique de la capsule, le plus grand jamais construit. En entrant dans l’atmosphère terrestre à la vitesse de 40 000 km/h, sa température atteint les 2 800 °C. Au total, le vaisseau doit parcourir quelque 2,1 millions de kilomètres jusqu’à son amerrissage dans l’océan Pacifique.
Le succès complet de la mission serait un soulagement pour la NASA, qui tablait à l’origine sur un premier lancement en 2017 pour SLS, et aura investi d’ici à la fin de 2025 plus de 90 milliards de dollars dans son nouveau programme lunaire, selon un audit public.
Le nom Artemis a été choisi d’après une figure féminine, la sœur jumelle du dieu grec Apollon – en écho au programme Apollo, qui n’a envoyé sur la surface lunaire que des hommes blancs, entre 1969 et 1972. Cette fois, la NASA souhaite permettre à la première personne de couleur et à la première femme de marcher sur la Lune.
La prochaine mission, Artemis-2, emportera en 2024 des astronautes jusqu’à la Lune, sans s’y poser. Cet honneur sera réservé à l’équipage d’Artemis-3, en 2025 au plus tôt. La NASA souhaite ensuite lancer environ une mission par an. Il s’agira alors de construire une station spatiale en orbite lunaire, baptisée Gateway, et une base sur la surface de la Lune.
Là, la NASA veut tester les technologies nécessaires à l’envoi de premiers humains vers Mars : nouvelles combinaisons, véhicule, possible utilisation de l’eau lunaire…
Selon le patron de la NASA, Bill Nelson, un aller-retour vers la Planète rouge à bord d’Orion, qui durerait plusieurs années, pourrait être tenté vers la fin de la décennie 2030.