Un vent des seventies souffle sur Cap Canaveral en ce samedi 3 septembre alors qu’une fusée américaine devait s’envoler à nouveau vers la Lune. Et pourtant, nous ne sommes pas en 1969 mais en 2022 et, dans le bal des divinités grecques appelées à veiller sur les missions spatiales, Artémis succède à Apollo.
Le monde du XXe siècle a laissé place à celui du XXIe. De nouveaux défis, de nouveaux enjeux mais toujours, malgré tout, cet émerveillement presque onirique de voir s’envoler une invitation à demain. Car c’est bien d’une ambition lunaire renouvelée et résolument tournée vers son temps que témoigne cette première étape du programme Artémis, porté par la NASA depuis 2017, et qui vise à voir les prochains astronautes fouler le sol sélène à l’horizon 2025.
Cette fois, il ne s’agit pas, comme au temps d’Apollo, d’une seule série d’allers-retours mais bien de la présence pérenne d’un équipage sur une base en expansion durable en surface lunaire. Y retourner, pour y rester : la Lune de 2022 n’est plus une destination, mais un lieu à explorer, avec des potentiels à y découvrir.
Cette volonté de redécouverte – car jusqu’à il y a peu, les agendas spatiaux regardaient plutôt vers Mars – n’est pas une lubie des agences. A quelques jours de voyage et quelques secondes de signal, la Lune est le premier terrain d’entraînement à l’exploration spatiale dans le voisinage immédiat de la Terre.
Une présence permanente, humaine et/ou robotique l’érigera en banc d’essai de l’exploration spatiale du futur proche. Nous apprendrons ainsi tant à maîtriser quotidiennement un environnement spatial hostile, le sol lunaire – avec des variations de température allant de – 30 °C à 150 °C –, qu’à placer en orbite cislunaire des satellites nécessaires à la géolocalisation et aux communications sur la Lune et vers la Terre.
La Lune constitue donc un lieu d’acquisition des compétences pour aller demain vers Mars et au-delà. La présence pérenne, principe premier des nouvelles ambitions lunaires, permettra de placer cet apprentissage dans le temps long. Ce schéma d’expansion durable présente ainsi un caractère relativement inédit, comme une nouvelle étape dans l’exploration spatiale humaine.
Un engagement européen timide
Bien évidemment, ce programme ambitieux est adossé à des ambitions géopolitiques, qu’elles soient américaines, chinoises, russes ou encore indiennes. Et, par ce lancement du 3 septembre, le programme de la NASA vient de prendre une sérieuse avance. Elle embarque d’ailleurs avec elle les pays signataires des accords Artémis, adossés au programme de la NASA et dont la France est partie depuis juin 2022.
Il vous reste 59% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.