Pour le Pakistan, 2022 pourrait rester l’année de toutes les catastrophes climatiques.D’abord, ce furent des chaleurs infernales, au printemps, atteignant, en mai, 50 degrés dans certaines localités et aggravant la fonte des glaciers dans les hautes montagnes et la sécheresse dans les plaines ; puis, depuis le début précoce de la mousson, à la mi-juin, des pluies torrentielles, conjuguées aux crues, ont submergé un tiers du pays.
Cela « dépasse toute limite, toute norme constatée par le passé », a alerté, le 29 août, dans un entretien à l’AFP, la ministre du changement climatique, Sherry Rehman – y compris les inondations de 2010, qui avaient fait 2 000 victimes. Le bilan actuel, qui s’aggrave d’heure en heure, est très provisoire en raison de la difficulté pour les secours à rejoindre des villages situés dans des régions montagneuses reculées et coupées du reste du pays par la destruction des routes ou des ponts, emportés par les flots.
« Nous sommes habitués chaque année à la mousson, mais n’avons jamais rien vu de tel », a rappelé la ministre. « Huit semaines d’averses constantes » qui ont davantage frappé des régions déjà lourdement affectées par les hautes températures du printemps.
Lahore
Larkana
Faisalabad
Chine
Afghanistan
Iran
Pakistan
Inde
Turkménistan
Ouzbékistan
Anciens Territoires tribaux fédéraux
Azad Cachemire
Sind
Gilgit-baltistan
Pendjab
Baloutchistan
Khyber Pakhtunkhwa
Glacier de Siachen
Le K2, 8 611 m
Glacier de Shisper
Mer d’Arabie
Nok Kundi, 47,5 °C le 27 juin
Nawabshah, 50,5 °C le 14 mai
Jacobabad, 51 °C le 14 mai
Jhelum, 47 °C le 14 avril
Multan
Hyderabad
Bahawalpur
Mirput Khas
Islamabad
Rawalpindi
Saidu
Gujranwala
Peshawar
Quetta
Chaman
Turbat
Karachi
Sukkur
Gwadar
Entre mars à juin, des vagues de chaleur sans précédent
Températures maximales au mois de mai
Pic de température enregistré au cours du printemps
Glacier dont la fonte est accélérée par les hautes températures
Depuis juillet, à la chaleur s’ajoutent des pluies torrentielles
Crue des fleuves, au 29 août
niveau moyen
niveau élevé
Barrage en situation critique au 26 août
Autre barrage
Depuis le premier août, les zones fortements peuplées sont inondées
Zone inondée entre le 1er et le 29 août
Zone à forte densité de population
Cette catastrophe affecte la majorité du pays
District classé en état de calamité
Autre district affecté par les inondations
Au cours de cette période, le Pakistan comme le nord-ouest de l’Inde enregistrent des températures de 6 à 9 °C au-dessus des normales saisonnières, selon le service météorologique pakistanais.
La mousson a commencé dès le mois de juin, plus tôt que prévu. Le mois de juillet 2022 a été le plus humide depuis plus de soixante ans (1961).
Bilan au 1er septembre 2022
33 millions de Pakistanais affectés, soit un sur sept
1 208 morts confirmés
50 millions de déplacés
1,2 million de maisons endommagées ou détruites
Plus de 730 000 têtes de bétail et 1,8 million d’hectares de terres agricoles perdus
Carte réalisée avec l’aide de Jean-Luc Racine, géographe et directeur de recherche émérite
au CNRS, et Magali Reghezza-Zitt, géographe, maîtresse de conférences au Centre de formation sur l’environnement et la société (Ceres)/ENS
Sources : Copernicus ; Commission européenne ; Autorité nationale de gestion
des catastrophes du Pakistan ; Unosat ; Département météorologique du Pakistan ; Unocha
Le Pakistan est particulièrement vulnérable au dérèglement climatique. Il figure en huitième position des pays les plus touchés par les phénomènes météorologiques extrêmes, selon une étude de l’ONG Germanwatch publiée en 2021. Sa population, fragilisée par la pauvreté et des inégalités croissantes, est particulièrement exposée aux aléas climatiques. Et les pouvoirs publics, embourbés dans des crises politiques à répétition, ne sont pas encore parvenus à mettre en place des stratégies de prévention et de gestion des risques efficaces. Poussé aux limites de ses capacités d’adaptation par le changement climatique, le Pakistan risque de mettre du temps à se relever de cette nouvelle catastrophe.
La Niña
L’équivalent froid du phénomène El Niño provoque un refroidissement d’une partie des eaux de surface du Pacifique, influençant le cycle des précipitations et le climat de certaines régions du globe. Alors que sa durée
habituelle est de deux ans, les conditions de La Niña persistent pour la troisième année consécutive.
Mousson
Ce phénomène saisonnier classique (de juillet à novembre) est dû à l’inversion des alizés qui, chargés d’humidité, se heurtent à la barrière de l’Himalaya. Ces fortes pluies rythment traditionnellement l’agriculture dans la
région.
Sécheresse
Le pays a subi une forte sécheresse avec des précipitations inférieures à la normale entre octobre 2020 et mai 2021 (– 36,1 %), et entre janvier et avril 2022 (– 21,6 %). Les sols n’absorbent plus les pluies fortes et
abondantes.
Artificialisation des sols
Avec plus de 200 millions d’habitants et un taux de croissance démographique de 2,4 % par an, l’urbanisation s’accélère. Les villes se développent parfois dans des zones inondables, les cours d’eau sont modifiés et leurs abords
bétonnés. L’artificialisation des sols renforce le phénomène de ruissellement.
Inondations
Le Pakistan est particulièrement vulnérable aux inondations. En 2010, déjà, celles-ci avaient causé la mort de 2 000 personnes et provoqué des dégâts à hauteur de 40 milliards de dollars. Depuis, ces phénomènes violents sont
devenus plus fréquents.
Dégel des glaciers
Avec la hausse des températures, les glaciers fondent et alimentent le débit des rivières. Les lacs glaciaires d’altitude se fracturent et déversent subitement d’énormes quantités d’eau. Une trentaine de lacs menancent plus de
7 millions de personnes.
Vulnérabilité des habitats
Dans les zones d’habitat précaire, les systèmes d’assainissement sont souvent défaillants. Avec les fortes précipitations, les infrastructures inadaptées ne tiennent pas et provoquent de nouvelles inondations.
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