Téléphones portables, produits cosmétiques, détergents, verre, papier, puces informatiques, mais aussi, et surtout, logements, routes et travaux publics. Si discret soit-il, le sable s’immisce dans le moindre interstice de notre quotidien. Sa polyvalence est un atout pour ce composant issu de l’altération de matériaux d’origines minérales (roches) ou organiques (coquilles d’animaux). Solide, il représente un excellent abrasif ; léger, il se rend indispensable dans les processus de pulvérisation ; fluide, il est un composant précieux des circuits de filtration…
Le sable est aujourd’hui la ressource naturelle la plus consommée dans le monde après l’eau. Et la demande n’est pas près de se tarir, bien au contraire. Une étude parue au printemps dans la revue New Scientist estime que la demande mondiale pourrait croître de 45 % d’ici à 2060. Fondant leurs calculs sur les projections démographiques et le rythme attendu de croissance économique, des chercheurs de l’université de Leyde (Pays-Bas) concluent que les besoins, de l’ordre de 3,2 milliards de tonnes par an en 2020, pourraient bondir à 4,6 milliards de tonnes annuelles dans les quarante prochaines années, portés notamment par l’urbanisation effrénée des pays asiatiques et africains.
L’Afrique, pourtant, abrite la plus grande étendue de sable de la planète, le Sahara, vaste de plus de 9 millions de kilomètres carrés. Mais les grains du désert ne sont pas exploitables, trop ronds et trop fins pour entrer dans la composition du béton, qui requiert des grains anguleux et de taille différente afin d’assurer la compacité de l’ensemble. C’est donc le long des littoraux, dans le lit des rivières mais aussi dans les bassins sédimentaires, que les « marchands de sable » collectent le précieux matériau.
Ce prélèvement massif, par excavation dans des carrières ou lors d’opérations de dragage, n’épargne plus aucune région de la planète et représenterait désormais 85 % de l’activité extractive. C’est particulièrement vrai dans un pays comme l’Inde, où le marché, dans les mains d’entrepreneurs, de notables locaux et de policiers corrompus, échappe à tout cadre légal. Mais la pression sur la ressource demeure forte également dans les pays imposant une réglementation stricte, à l’instar des Etats-Unis ou de la France.
Le BTP particulièrement gourmand
Cette ruée sur le sable engendre de nombreux impacts environnementaux. Avec des situations extrêmes. Les Maldives, nation la plus basse au monde, puise le sable pour agrandir ses îles, en construire de nouvelles ou les protéger de l’élévation du niveau de la mer. Ce faisant, l’archipel détruit les récifs coralliens et aggrave sa vulnérabilité.
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