RMC DÉCOUVERTE – LUNDI 5 SEPTEMBRE À 21 H 05 – DOCUMENTAIRE
Désigné personnalité de l’année 2021 par le magazine Time, devenu l’homme le plus riche du monde, avec un patrimoine de 277 milliards d’euros au 1er janvier, selon le Bloomberg Billionaires Index… L’ascension d’Elon Musk, patron de SpaceX, fabricant de fusées réutilisables, et des voitures électriques Tesla, défie l’entendement quand sa personnalité, excessive et imprévisible, interroge.
« Je sais, je dis ou je poste des choses bizarres, mais c’est comme ça que mon cerveau fonctionne, justifiait-il lors d’une émission de divertissement américaine en 2021. A ceux que j’ai offensés je vais dire : j’ai réinventé la voiture électrique, je vais envoyer des gens sur Mars dans une fusée ! [il marque un temps sous les applaudissements pour ménager son effet]. Vous pensez que j’allais être un mec normal ? »
Délaissant dès lors la psychologie et la polémique, le réalisateur Abdel Mostefa choisit d’aborder le « problème » Musk par sa face scientifique. Et c’est passionnant. Passant rapidement sur l’adolescence du jeune geek né en Afrique du Sud, énumérant au plus vite ses débuts, il structure son scénario autour des grandes inventions dans lesquelles il a cru et investi, contre toute logique financière.
A commencer par l’emblématique Tesla. Ainsi, lorsqu’en mars 2004, Elon Musk place ses espoirs et 7,5 millions d’euros dans la firme fondée par deux ingénieurs visionnaires, Martin Eberhard et Marc Tarpenning, les constructeurs automobiles se sont détournés de la voiture 100 % électrique, à cause notamment du coût et de l’encombrement de ses batteries.
Réussites et prises de risque
C’est oublier la capacité d’innovation d’Elon Musk, capable, entre autres, d’envoyer son roadster dans l’espace en février 2018 devant 500 000 Américains pour assurer son « plan com ». Sans oublier la face plus sombre de l’aventure, de l’éviction des deux ingénieurs jusqu’aux accidents survenus avec les modèles autonomes. Néanmoins, en 2021, bien que n’ayant jamais réalisé de bénéfices, Tesla est valorisée en Bourse 1 000 milliards d’euros.
Selon la même trame – objectif, moyens, atouts, difficultés –, le film détaille ses autres projets-phares, comme l’Hyperloop, train circulant en lévitation dans un tunnel à 1 200 km/h ; Starlink, l’Internet par satellite qui doit éradiquer les zones blanches grâce à une constellation de 12 000 satellites ; la Boring Company, société de construction de tunnels, créée à la suite d’un tweet du 7 décembre 2016 : « Les bouchons me rendent dingues. Je vais acheter un tunnelier. »
Peut-être sa plus grande réussite, mais aussi sa plus grande prise de risque, SpaceX bénéficie-t-elle d’un traitement à part. Le documentaire rappelle les débuts en 2001, sous les moqueries. Vingt ans plus tard, SpaceX assure le ravitaillement de la Station spatiale internationale.
Par moments, le téléspectateur a l’impression de basculer dans la science-fiction. « Bénéfique quand il contribue à la réduction des énergies ; inquiétant lorsqu’il envisage d’implanter des puces dans le cerveau humain », commente la voix off. Difficile en effet de rester rationnel à propos de l’homme d’affaires de 51 ans, dont l’objectif avoué est d’envoyer 1 million de Terriens dans l’espace d’ici à 2050 pour coloniser Mars à bord de la « Big Fucking Rocket » (la « putain de grosse fusée »).
De Tesla à SpaceX : le monde selon Elon Musk, d’Abdel Mostefa (2022, Fr., 54 min). RMC Découverte