Ce sont des résultats qui viennent éclaircir le dramatique bilan des incendies ayant ravagé le sud-est de l’Australie. Il y a trois ans, entre septembre 2019 et février 2020, des feux d’une ampleur inédite tuaient au moins trente-trois personnes et détruisaient 2 500 habitations. Ils ont eu également de lourdes conséquences écologiques, détruisant plus de huit millions d’hectares de forêts et émettant dans l’atmosphère plus de carbone que le pays n’en rejette chaque année.
Une étude, publiée jeudi 1er septembre dans la revue Remote Sensing of Environment, affirme toutefois que, dès la fin de l’année 2020, ces émissions avaient été réabsorbées par la végétation, qui a repoussé de façon très rapide. « Pour ce qui est de la biomasse, tout ce qui a disparu pendant les incendies a été récupéré l’année d’après, explique Jean-Pierre Wigneron, chercheur à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) et l’un des auteurs des travaux. Ces feux ont donc été neutres en termes d’émissions de carbone. »
Si la perte de surface forestière est clairement visible, la perte de végétation, mesurée en quantité de biomasse, est beaucoup plus difficile à estimer. L’étude évalue pour la première fois, en tonnes par hectare, la quantité d’herbes, d’arbustes et d’eucalyptus ayant été perdue en raison des incendies, de la sécheresse et des températures particulièrement élevées, et l’état de cette biomasse un an après ces événements extrêmes.
« Chance climatique »
Selon les estimations des chercheurs de l’Inrae, du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives et de plusieurs universités internationales, qui correspondent aux résultats d’autres travaux scientifiques, environ 15 % de la biomasse de la zone forestière a été perdue au cours de la saison 2019-2020, soit quelque 200 millions de tonnes de carbone rejetées dans l’atmosphère. Environ la moitié (90 millions de tonnes) est liée aux incendies, et l’autre moitié (110 millions) à la sécheresse et aux températures record, les conditions climatiques ayant eu un impact majeur.
En 2020, en revanche, la quantité de biomasse a largement augmenté, ce qui a permis de stocker plus de 260 millions de tonnes de carbone. Une reprise très rapide qui s’explique par une conjonction de facteurs : les essences d’eucalyptus, majoritaires dans les forêts australiennes, sont connues pour « repartir » extrêmement rapidement après un feu. En parallèle, l’année 2020 a connu des précipitations supérieures à la moyenne, ce qui a favorisé la reprise des arbres toujours vivants et la croissance de la végétation du sous-bois.
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