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Reconnaître que les hommes mangent plus de viande que les femmes, un progrès pour la santé et le climat


Analyse. Faut-il se soucier du genre de l’alimentation ? En déclarant, samedi 27 août, lors d’un échange aux journées d’été d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), qu’il fallait « changer de mentalité pour que manger une entrecôte cuite sur un barbecue ne soit plus un symbole de virilité », la députée (EELV) de Paris Sandrine Rousseau a déclenché un torrent de commentaires, et surtout de railleries. « Grotesque », « Vous n’allez pas me parler du sexe des escalopes », ont fustigé des responsables politiques ; « Et alors ? », ont interrogé des chroniqueurs médiatiques.

Dans le rang des indignés, beaucoup ont feint de croire que le débat portait sur l’égalité devant la cuisson du steak, alors que la question posée est celle des freins à la transition de l’alimentation, enjeu environnemental et de santé publique, parmi lesquels figure la représentation genrée attribuée aux aliments. Un décès sur cinq dans le monde est lié à la malnutrition ou à la mauvaise alimentation ; la filière de l’alimentation (agriculture, élevage, transformation, transport) est également source d’environ un quart des émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine, dont la moitié sont dues à l’élevage. Réduire la consommation de viande est un des leviers individuels les plus importants, tant pour le climat que pour la santé.

Les enquêtes de consommation le montrent : hommes et femmes ne consomment pas de la même manière. Selon la dernière « Etude individuelle nationale des consommations alimentaires » (INCA 3), publiée en 2017 par l’Agence de sécurité sanitaire (Anses), les hommes mangent 50 % de plus de charcuterie que les femmes (34,2 grammes par jour en moyenne pour les hommes, contre 20,9 grammes pour les femmes) et près de deux fois plus de viande (hors volaille) (61,2 grammes par jour, contre 34,1 pour les femmes). Ces disparités ne tiennent pas seulement aux quantités globales ingérées : chez les hommes, la viande contribue à 1,98 % à la ration calorique journalière, contre 1,36 % chez les femmes.

Héritage culturel

Un autre indicateur, l’adhésion aux recommandations alimentaires comme celle visant à limiter les quantités de viande rouge (bœuf, porc, gibier…) à moins de 500 grammes par semaine, montre, lui aussi, de fortes divergences. Selon la dernière enquête de surveillance épidémiologique de Santé publique France, 75,8 % des femmes se conforment à cette recommandation, contre 59 % des hommes.

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Il existe donc bien une consommation alimentaire différenciée selon le genre, héritage culturel et de normes de représentation. Dans l’imaginaire collectif, la viande est associée à la puissance et à la virilité, tandis que les femmes, qui subissent davantage de pressions concernant leur corps, sont poussées à manger moins gras et moins calorique. Le sociologue Pierre Bourdieu l’observait déjà dans La Distinction (Les Editions de minuit, 1979) : « La viande, nourriture nourrissante par excellence, forte et donnant de la force, de la vigueur, du sang, de la santé, est le plat des hommes, qui en prennent deux fois, tandis que les femmes se servent une petite part. »

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Written by Stephanie

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