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L’insatiable appétit de sable du Grand Paris

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Quand il y a un embouteillage à Conflans-Sainte-Honorine, dans les Yvelines, ou devant une autre écluse de la Seine, le Goéland fait escale pour la nuit. Ses huit cabines sont là pour accueillir l’équipage. Sinon, le gros pousseur de ligne navigue sans interruption, sept jours sur sept, pour convoyer, en trente-six heures environ, sa précieuse cargaison des confins de la Normandie à Paris : 5 000 tonnes de sable et de gravier. L’équivalent de 166 camions.

Le « Goéland », chargé de sable et de gravier, manœuvre sur la Seine, dans le sud-ouest de Paris, le 30 juillet 2022.
Sur la Seine, à Paris, le 30 juillet 2022.

Avec ses 24 mètres de long, l’imposante embarcation de la société Cemex n’est pas vraiment de taille à manœuvrer au cœur de la ville aux heures de pointe, entre les Bateaux-Mouches et les petites péniches : elle laisse avant l’aube ses barges pleines à Gennevilliers, dans les Hauts-de-Seine, ou s’avance jusqu’au port Victor, dans le 15arrondissement. Embarcations, camions, trains : l’agglomération de près de 11 millions d’habitants a besoin de flux permanents de matériaux pour épancher sa fièvre de construction-démolition-reconstruction, que ne ralentit guère la chaleur de l’été.

La métamorphose en cours de Paris et de sa couronne est à ce prix. Plus hauts, plus denses, des quartiers entiers sont en train de naître ou de changer d’ère sous la houlette d’un établissement public tout-puissant : la Société du Grand Paris (SGP). Ils dessinent en surface le tracé souterrain de quatre lignes de métro supplémentaires, ponctué de 68 nouvelles gares – un chantier souvent qualifié de plus important d’Europe.

A port Victor, le commandant Franck Drecourt se souvient du temps où il pilotait le Goéland. Il tient désormais la barre de l’Emerillon, un pousseur de manœuvre deux fois moins long, avec lequel il passe ses journées à déplacer les barges d’une rive à l’autre de la Seine, à troquer des pleines contre des vides, qui repartiront à leur tour, chargées des déblais du sous-sol que l’on excave et des bâtiments que l’on démolit pour en ériger d’autres. Amarrer, courir décrocher les longues embarcations : le travail du premier matelot est pour le moins physique. Rien ne reste en place bien longtemps. Sur l’eau aussi, les places de stationnement sont chères à Paris.

Rien que sur ce site, Cemex voit transiter dans ces silos 500 000 tonnes de granulat par an. Dans la construction et les travaux routiers, le terme désigne à la fois le sable dont les grains sont inférieurs à 4 millimètres et des graviers de différentes tailles. Vingt-cinq camions-toupies partent en permanence livrer le béton fabriqué sur place vers les innombrables chantiers de la capitale. Lafarge, Unibéton (du groupe HeidelbergCement) voisinent avec Cemex à l’entrée ouest de l’agglomération. Les mêmes entreprises, ainsi qu’Eqiom et le groupe de BTP SFB se pressent aussi côté est, plus en amont sur le fleuve, entre Ivry-sur-Seine et le port de Tolbiac.

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