La fanfare L’Alouette de Pithiviers (Loiret) s’aligne pour accueillir Emmanuel Macron. « Faites-en un petit coup maintenant, lance un homme. Après, ça va être Marc Fesneau, et lui, il va nous jouer du pipeau. Il suffirait qu’il nous donne 100 milliards pourtant. » Les agriculteurs ont toujours aimé chatouiller leurs ministres de l’agriculture, ça fait partie du job. Cent mètres plus loin, le convoi présidentiel arrive au milieu des champs plats parsemés d’éoliennes de la Beauce. Pour son premier déplacement en France depuis la rentrée, vendredi 9 septembre, le chef de l’Etat s’est rendu une deuxième année consécutive à la rencontre des Jeunes agriculteurs, réunis aux Terres de Jim, à Outarville (Loiret).
Et les trompettes et tambours de Pithiviers vont devoir attendre encore un peu. Dégustation de fromage, discussions sur le prix du lait, sur les dégâts provoqués par les étourneaux, le président de la République prend le temps. « L’agriculture est à la confluence de toutes les crises que nous vivons », affirme-t-il un peu plus tard sous une tente. Depuis quelques mois, les exploitants ont subi les conséquences de la guerre en Ukraine (augmentation du prix des engrais et de l’énergie, entre autres) et ont enduré une sécheresse historique, « un épisode qu’on n’avait pas connu depuis des décennies », souligne M. Macron.
Le chef de l’Etat promet que les 600 millions d’euros de l’assurance-récolte – promise ici même en 2021 – seront bientôt disponibles, et annonce la création d’un fonds pour favoriser les transmissions entre générations, avant de dénoncer l’« agri-bashing » en visant de façon implicite certains écologistes. « Tous ceux qui sont en train de mener un discours catastrophiste sur notre agriculture, ils préparent quoi ? Une France où l’on devra importer nos produits qui viendront de l’étranger avec des standards sanitaires et écologiques nettement inférieurs aux nôtres », estime-t-il, en costume et cravate noirs.
Quinquennat entravé
Car l’actualité a encore une fois percuté l’agenda élyséen, écartelé entre l’international et les affaires françaises. Vendredi matin, au lendemain du lancement de son Conseil national de la refondation (CNR) à Marcoussis (Essonne), le président de la République s’est rendu à l’ambassade britannique pour déposer une rose blanche devant un portrait de la reine Elisabeth II, décédée jeudi en fin de journée. « Sa mort laisse en nous un sentiment de vide. Pour vous, c’était votre reine, pour nous c’était la reine », avait-il déclaré peu auparavant dans une vidéo en anglais postée sur Twitter. Dans les deux prochaines semaines, le chef de l’Etat se rendra aux funérailles de la souveraine avant d’assister à l’Assemblée générale des Nations unies à New York. Avant d’autres voyages. Malgré cela, son entourage assure qu’il va aussi continuer à porter le CNR dans les territoires, en participant à des déclinaisons locales cet automne.
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