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Les présentateurs météo, nouvelles sentinelles du climat


Dans son bureau tapissé de cartes de France et du monde, dans la tour TF1, à Boulogne-Billancourt, Evelyne Dhéliat, trente ans de présentation de la météo sur la chaîne, a sous la main quelques fiches. « Tenez, c’est impressionnant ! Samedi 1er janvier 2022, déjà la première fournée de records : 16,8 °C à Deauville [Calvados], 19,6 °C à Aurillac, [dans le Cantal] », déplore-t-elle en lisant un bulletin d’information de Météo France indiquant des températures inédites dans dix-neuf villes, dont Limoges, Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), Bordeaux, Caen, et se concluant par un inquiétant « etc. etc. etc. ».

Nouveau bulletin, le 3 juillet : « Le trimestre avril-mai-juin a été le plus chaud en moyenne observé en France depuis 1900. » La cheffe du service météo souffle : « C’est que ça, que ça, que ça… » Elle cite aussi de mémoire d’autres exemples marquants de ces dernières années. « Bientôt, ce sera facile de se rappeler des records de température. Ce seront ceux de la semaine d’avant, si ce n’est de la veille », plaisante-t-elle à moitié.

Cet été, Evelyne Dhéliat a présenté un bulletin météo aux allures parfois apocalyptiques. En juin, elle avait annoncé les vagues de chaleur extrêmes. S’y sont ajoutés les feux dévastant la Gironde, une sécheresse conduisant à des coupures d’eau dans certaines régions et des orages provoquant la mort de cinq personnes en Corse. Dans les médias, ces épisodes météorologiques ont relégué au second rang l’épidémie de Covid-19 ou la guerre en Ukraine.

Le métier a changé

Plus que jamais, le suffocant été 2022 aura mis en avant les présentatrices et présentateurs météo. Ceux qui, longtemps, ont été les femmes élégantes ou les gendres idéaux que les téléspectateurs regardaient pour savoir si un pull léger suffirait le lendemain. Les mêmes qui introduisent et concluent la messe du « 20 heures » depuis des décennies – depuis 1958, quand le bulletin météo devient quotidien à la télévision française.

« Dire platement “La France va être concernée par une nouvelle canicule ces prochains jours”, je pense que ça ne marche plus. Il faut que les gens comprennent que clairement, cette semaine, la France va cramer. » Marc Hay, présentateur à BFM-TV

Les mêmes qui évoquent les « anticyclones » et les « baisses des précipitations » sans être pour autant scientifiques. A la différence des Anglo-Saxons, la plupart sont, en effet, depuis les années 1970, des journalistes, parfois formés en quelques jours seulement. Des membres de la rédaction presque comme les autres qui, aujourd’hui, évoquent, chaque jour ou presque, le réchauffement climatique. Un bouleversement pour tous.

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Written by Stephanie

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