Après deux ans de pandémie, la grand-messe de la Société européenne d’oncologie médicale (ESMO) retrouvait une édition en présentiel, comme son pendant américain, l’ASCO, en juin. Du 9 au 13 septembre, plus de 23 000 oncologues, chercheurs et industriels se rassemblaient à Paris autour des dernières avancées de la science et de la prise en charge des cancers. « Il y avait une joie de se retrouver, c’était palpable », témoigne la professeure Caroline Robert, cheffe du service de dermatologie à Gustave-Roussy (IGR), à Villejuif (Val-de-Marne).
Que retenir de ce foisonnement de nouveautés, alors que des centaines d’orateurs se sont succédé ? Une percée, peut-être, qui concerne certains cancers du côlon ou du rectum, troisièmes tumeurs en fréquence en France. Elle pourrait, en effet, changer la donne, à terme, pour les patients concernés, en leur épargnant des chirurgies mutilantes. Un espoir à confirmer, car il s’agit encore d’une étude menée sur un petit nombre de patients, 112 au total.
Pourtant, quand Myriam Chalabi, de l’Institut néerlandais du cancer à Amsterdam, a dévoilé ces premiers résultats dans le grand auditorium du congrès, dimanche 11 septembre, la salle a applaudi sans même attendre la fin de l’exposé, dérogeant ainsi à la coutume.
Régression de 95 % des tumeurs
Il faut d’abord savoir que le traitement standard des patients atteints d’un cancer du côlon non métastatique est la chirurgie, suivie ou non d’une chimiothérapie, selon les cas. Mais, ici, les patients ont d’abord été traités pendant quatre semaines par une série d’immunothérapies, puis ils ont été opérés une à deux semaines plus tard. L’examen des pièces opératoires révèle qu’au total 95 % des tumeurs ont régressé de 90 %, et 99 % de plus de 50 %. Par comparaison, quand ce type de patients reçoit, avant la chirurgie, une chimiothérapie conventionnelle, seules 5 % à 7 % des tumeurs régressent de plus de 50 %.
Cette avancée ne concerne cependant qu’une fraction – de 10 % à 15 % – des cancers du côlon non métastatiques. Il s’agit de tumeurs qui présentent des anomalies du génome particulières, nommées « instabilité des microsatellites ». Elles résultent d’une défaillance du système de réparation de l’ADN (dMMR), lors de sa duplication. Un tiers de ces anomalies est lié à une maladie héréditaire, le syndrome de Lynch, connu pour augmenter le risque de cancers du côlon, de l’utérus et des ovaires.
« Ce traitement pourrait concerner plusieurs centaines de patients par an, même en ne comptant que les cancers localisés liés à une défaillance du système de réparation d’ADN. Le cancer colorectal, en effet, est très fréquent, avec 43 000 nouveaux cas par an en France », explique Pauline Vaflard, oncologue médicale à l’Institut Curie (Paris).
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