Au moins dix personnes ont trouvé la mort dans de violentes intempéries ayant frappé dans la nuit de jeudi 15 à vendredi 16 septembre les Marches, région du centre l’Italie, au bord de l’Adriatique ; ce qui remet le changement climatique au cœur du débat politique à une semaine des législatives.
« A ce stade nous déplorons dix morts et quatre disparus, mais malheureusement ces chiffres sont en constante évolution », a annoncé lors d’une conférence de presse le chef du gouvernement, Mario Draghi, attendu en fin de journée dans le petit village d’Ostra, particulièrement sinistré.
Parmi les quatre personnes portées disparues figure un enfant de 8 ans qui se trouvait en voiture avec sa mère. Cette dernière a été sauvée par les pompiers, mais la force du courant a emporté l’enfant, selon l’agence de presse AGI. Selon le Corriere della Sera, environ 400 mm de pluie sont tombés jeudi soir en deux heures sur les Marches, l’équivalent de six mois de précipitations pour cette région.
A Ancône, un grand port sur l’Adriatique, plusieurs quartiers se sont retrouvés sans électricité et téléphone. Les écoles ont été fermées dans les zones les plus touchées.
« Plus de 150 interventions »
Mario Draghi a déclaré l’état d’urgence dans les Marches et débloqué une première tranche de cinq millions d’euros pour financer les premiers secours. « Nous ferons tout ce qui est nécessaire (…). Nous sommes à vos côtés, comptez sur nous », a-t-il affirmé lors d’une visite éclair à Ostra.
L’eau a envahi les caves, et de nombreuses voitures ont été emportées par la force du courant ou ensevelies sous des coulées de boue. Des chutes d’arbres et des éboulements de terrain ont coupé de nombreuses routes locales, compliquant le travail des secours.
« Des dizaines de personnes qui s’étaient réfugiées sur les arbres et les toits des maisons ont été secourues », ont annoncé les pompiers sur Twitter, faisant état de « plus de 150 interventions ».
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Les maires des localités touchées par ces violents orages ont déploré l’absence d’alerte de la part des autorités compétentes. « Cet événement n’était pas prévisible », a toutefois estimé le lieutenant-colonel Guido Guidi, de l’Aéronautique militaire, institution chargée des prévisions météorologiques dans la péninsule.
« Ça s’appelle “crise climatique”, pas “intempéries” »
« A l’occasion de tous les matchs des championnats de football programmés ce week-end sera observée une minute de recueillement pour honorer la mémoire des victimes », a fait savoir la fédération italienne de football dans un communiqué. Aussi, de nombreux responsables politiques ont exprimé leur soutien à la région des Marches et à sa population, même si d’autres régions voisines ont également été touchées mais plus légèrement, sans déplorer de victimes.
Du président de la République, Sergio Mattarella, au chef du gouvernement, Mario Draghi, en passant par Matteo Salvini, chef de la Ligue souverainiste, Enrico Letta, chef du Parti démocrate (PD, centre gauche) et Giorgia Meloni, cheffe du parti post-fasciste Fratelli d’Italia (FDI), tous ont exprimé leur solidarité.
« Comment peut-on penser que la lutte contre le changement climatique ne soit pas la priorité », a également écrit sur les réseaux sociaux M. Letta. « L’Italie et l’Europe doivent prendre au sérieux le changement climatique », a écrit sur Twitter le commissaire européen à l’économie, l’Italien Paolo Gentiloni.
« Ça s’appelle crise climatique, pas intempéries », a réagi, pour sa part, sur Twitter la branche italienne de « Fridays for Future », le mouvement des jeunes pour le climat, tandis que le président de la Croix-Rouge italienne, Francesco Rocca, s’est dit « préoccupé par la hausse de phénomènes climatiques extrêmes ».
« Ce qui s’est produit est un événement exceptionnel, auquel personne ne s’attendait. Quelque 400 mm de pluie sont tombés en six heures sur un territoire où généralement il en tombe 1 500 par an », a expliqué à l’Agence France-Presse (AFP) Paola Pino D’Astore, conseillère de la Société italienne de géologie environnementale (SIGEA). « C’est certainement lié aux changements climatiques, et nous devons nous y habituer et nous adapter. Ce qui s’est produit, c’est (…) un avant-goût de l’avenir », a-t-elle averti.
Comme ses voisins européens, l’Italie est affectée par le changement climatique. La plaine du Pô, le plus grand fleuve du pays, a connu cet été sa plus grave sécheresse en soixante-dix ans. Et le 11 juillet, 11 personnes ont été tuées dans l’effondrement d’un pan du glacier de la Marmolada, dans les Alpes italiennes.