En influençant la position du jet stream, la persistance du phénomène La Niña aura des conséquences sur les températures et l’enneigement cet hiver, en particulier en Amérique du nord. En Europe, l’impact de La Niña n’est pas connu, mais les prévisions pour cet hiver envisagent toutes le même scénario inquiétant.
La Niña apparaît par phases d’une à deux ans, en alternance avec son homologue chaud El Niño. Ces deux phénomènes se caractérisent par une anomalie de température sur une partie de l’océan Pacifique : une eau plus froide que la moyenne sur cette zone précise est associée à La Niña, tandis qu’une eau plus chaude est associée à El Niño. La Niña a plusieurs fois subi des baisses d’intensité depuis septembre 2020, avant de remonter au printemps dernier et de se prolonger jusqu’à ce mois de septembre 2022. Les prévisions climatiques de la NOAA indiquent que le phénomène va se renforcer au cours de l’hiver prochain pour une troisième année consécutive, un événement rare mais pas inédit. Tout comme El Niño, La Niña influence fortement la météo d’une partie du monde.
De la neige abondante prévue pour le nord des États-Unis et le Canada
La Niña provoque généralement un blocage de l’anticyclone sur le nord de l’océan pacifique, ce qui pousse davantage le jet stream vers le nord : cela donne un hiver très froid sur le Canada et très humide sur le nord-ouest des États-Unis (Washington, Montana, Wyoming), le nord-est (New York, Massachusetts, Maine…) ainsi que la région des Grands Lacs, et plus chaud et sec que la moyenne sur toute la moitié sud, c’est ce qui s’est produit en 2020 et 2021. Le site Severe Weather Europe a effectué une étude des différents modèles de prévision météo à long terme (ECMWF et UKMO) : alors que le modèle ECMWF prévoit un enneigement important au Canada et déficitaire dans l’ouest américain, le modèle UKMO révèle des prévisions plus classiques dans un contexte La Niña: un hiver très enneigé à partir de décembre, et encore plus en janvier, sur le nord-ouest des États-Unis (dont les Rocheuses), la région des Grands Lacs, le nord-est du pays et l’ensemble du Canada. Des prévisions assez similaires à ce que ces régions ont connu ces deux dernières années : l’enneigement a été très bénéfique pour l’ouest américain notamment, tandis que le sud des États-Unis a vécu un hiver 2021-2022 historiquement chaud et sec.
Vers un hiver sec et doux en Europe ?
L’impact de La Niña sur le climat européen n’est pas connu : il est peut-être inexistant, ou bien juste méconnu par l’état actuel de la science. Au cours des trois prochains mois (novembre, décembre, janvier) l’enneigement est vu comme largement déficitaire sur toute l’Europe par les deux modèles ECMWF et UKMO, en particulier décembre qui s’annonce pour le moment très sec. Quelques chutes de neige sont envisagées au cours du mois de novembre, mais la suite ne s’annonce à priori pas assez froide pour permettre l’arrivée de la neige, en dehors des zones de haute altitude. Rappelons que les prévisions à long terme sont des modèles expérimentaux à prendre avec des pincettes. Mais si ces prévisions pour l’hiver se confirment, le déficit de neige sur une grande partie de l’Europe serait une très mauvaise nouvelle pour la biodiversité, les ressources en eau et l’économie des loisirs de montagne.