Comment rendre les discussions entre les hommes et les robots plus naturelles? En travaillant sur le rire, assurent les chercheurs. Et c’est loin d’être simple.
Rire poli, fou rire, rire gras… on pourrait présenter les 50 nuances du rire que l’être humain a su développer. Aux intelligences artificielles, désormais, de les acquérir. C’est l’un des travaux de de l’Université de Kyoto qui espère ainsi rendre les robots humanoïdes plus empathiques en visant juste sur le rire.
Dans une étude publiée sur le site Frontiers, le chercheur Koji Inoue explique avoir entrepris d’enseigner l’art du rire conversationnel, qui consiste en pratique à avoir le bon rire, au bon moment. L’enjeu est majeur puisque les robots humanoïdes ne seront tolérés et véritablement acceptés que s’ils sortent de la fameuse “vallée de l’étrange”.
Ce concept, théorisé par un autre roboticien japonais, Masahiro Mori, soutient que plus le robot ressemble à un humain, plus ses imperfections nous apparaissent dérangeantes voire monstrueuses. Un fou rire au mauvais moment n’aiderait donc surement pas le robot à se faire accepter.
L’équipe de l’Université de Kyoto ont donc mis en place des séries de speed-dating entre des étudiants et un robot, baptisé Erica, pour que l’intelligence artificielle emmagasine le plus de données sur les rires, qu’ils soient naturels ou un peu forcés.
“Notre plus grand défi dans ce travail a été d’identifier les cas réels de rires partagés, ce qui n’est pas facile car, comme vous le savez, la plupart des rires ne sont en fait pas du tout partagés”, a expliqué Koji Inoue au Guardian.
Après ce travail, l’équipe a testé le nouveau sens de l’humour d’Erica à travers quatre dialogues, diffusés ensuite à 130 volontaires. En comparant aux mêmes scènes mais sans rires, les scènes ont été jugées plus emphatiques, plus naturelles.
Au-delà du rire, les chercheurs en robotique traviallent aussi sur le rendu des émotions. Et cela passe par l’intelligence artificielle mais aussi par la subtilité des expressions du visage humain. En ce sens, le robot ultra-réaliste Ameca – là encore construit par une équipe japonaise – atteint des degrés de finesse bluffants.
De quoi réduire, toujours un peu plus, la profondeur de cette angoissante vallée de l’étrange…