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une résistante de 98 ans raconte son calvaire dans un hôpital parisien



La résistante et historienne a attendu 24 heures sur un brancard de l’hôpital parisien Lariboisière avant d’être prise en charge. Aveugle, et admise pour un Covid long, elle dénonce “l’état lamentable du secteur de la santé” dans une lettre ouverte au directeur de l’AP-HP.

C’est un cauchemar qu’a vécu Madeleine Riffaud. Cette résistance de la Seconde Guerre mondiale âgée de 98 ans, poète, journaliste et historienne, a passé 24 heures aux urgences de l’hôpital de Lariboisière sur un brancard sans être prise en charge.

Chez nos confrères de la revue Commune, elle publie une lettre ouverte au directeur de l’AP-HP Nicolas Revel dans laquelle elle dénonce “l’état lamentable du secteur de la santé”.

Tout commence le 4 septembre dernier. La nonagénaire se rend aux urgences de l’hôpital parisien “pour un examen important dû à un Covid long”, raconte-t-elle. A son arrivée, Madeleine Riffaud n’est pas directement prise en charge, elle est laissée dans un couloir.

“Les infirmières couraient là-dedans, débordées. Elles distribuaient des ‘j’arrive!’ et des ‘ça marche!’. ‘J’arrive, j’arrive!’, mais personne n’arrivait. Jamais”, confie-t-elle.

“Un no man’s land”

Alors que l’historienne est aveugle, elle est amenée sur un brancard ici et là, sans être informée de sa prise en charge.

“On m’a laissée là, sans aucune affaire, sans moyen de communication avec mes proches”, fustige-t-elle.

Au bout de douze heures d’attente, la résistante parvient à obtenir un verre d’eau, mais ça ne sera qu’une maigre consolation.

“Je suis restée vingt-quatre heures sur le même brancard, sans rien manger, dans un no man’s land”, souligne-t-elle.

À force d’attendre, désoeuvrée, la nonagénaire est transférée dans une clinique privée, au lendemain de son admission à l’hôpital, “sans jamais avoir prévenu mes proches”. Pire, elle affirme être “la troisième âme errante que cette clinique réceptionnait ce jour-là”.

“Les problèmes sont toujours les mêmes”

De cet épisode fâcheux, Madeleine Riffaud veut désormais faire une occasion d’alerter les pouvoirs publics. Elle connaît d’ailleurs bien le secteur hospitalier puisqu’elle a publié en 1974 un livre dans lequel elle raconte l’intérieur d’un service de chirurgie cardiovasculaire d’un hôpital parisien, Les Linges de la nuit. À l’époque déjà, elle dénonçait le manque de moyens des personnels soignants.

“Nous étions tombés d’accord sur tous les points. Tout le monde est d’accord, sauf les gouvernements qui se suivent et qui, au mieux, ne bougent pas”, se souvient-elle.

Près de 50 ans plus tard, elle constate que “les problèmes sont toujours les mêmes: manque de personnel qualifié, manque de crédit, l’écart se creuse entre la technique de la médecine de pointe et les moyens mis à sa disposition”.

Pour elle, la pandémie n’a fait qu’aggraver la prise en charge des patients. “On pensait que j’étais trop vieille pour que ça vaille la peine de me soigner (réflexe pris lors de l’épidémie de Covid?)”, écrit-elle.

“Mon sort est celui de millions de Parisiens et de Français”

Mais la nonagénaire précise ne “pas s’en prendre au personnel (…) qui est épuisé. L’État les a tous abandonnés, soignants comme malades.” Par ailleurs, elle ne fait pas de son cas une exception.

“Ma mésaventure, c’est une histoire quotidienne dans l’hôpital en France. Mon sort est celui de millions de Parisiens et de Français.”

Elle assure “ne pas s’être sortie indemne” de cet événement. “Quand on entre dans le circuit infernal, quand on est aspirés dans le néant des urgences, on ne peut pas en sortir indemne. Parfois même, on n’en sort pas vivant…”, souligne-t-elle. La semaine dernière, un patient de 81 ans est mort aux urgences de Strasbourg après avoir attendu plus de vingt heures.

La résistante conclut sa lettre en confiant vouloir être leur “voix comme Raymond Aubrac -résistant durant la Seconde Guerre mondiale- m’avait demandé d’être l’une de celles de la Résistance – alors je le serai. J’ai encore un peu de force, c’est pour la donner”.

Le directeur des hôpitaux de Paris, Nicolas Revel n’a, pour l’heure, pas donné suite à cette lettre.

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Written by Pierre T.

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