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« Compter sur les riches pour diminuer nos émissions de gaz à effet de serre ne suffira pas »


Le débat public sur les jets privés a eu le mérite de rappeler les efforts que les plus fortunés doivent fournir pour contribuer à la lutte contre le changement climatique. Après tout, ils en ont les moyens et une baisse de leurs abondantes émissions ne leur serait pas très coûteuse personnellement, une partie résultant de dépenses largement superflues.

Il ne faudrait toutefois pas en conclure que le changement de comportement de quelques milliardaires, comme des classes supérieures dans leur ensemble, suffira à atteindre nos objectifs. Les données factuelles le montrent simplement dans le cas de la France. Dans un article publié en 2020 par la Revue de l’OFCE, intitulé « Qui émet du CO2 ? Panorama critique des inégalités écologiques en France », des chercheurs ont calculé la répartition des émissions par tranches de 10 % de la population, classée par revenus croissants des ménages.

Lire aussi la chronique : Article réservé à nos abonnés « La crise climatique va rendre de moins en moins acceptables les inégalités sociales »

Les 10 % les plus riches représentent 15 % des émissions de la consommation des ménages, soit 2,3 fois plus par personne qu’un ménage parmi les 10 % les plus pauvres. Cette inégalité de répartition est beaucoup moins marquée que celle des revenus et des patrimoines, pour une raison assez intuitive. Les dépenses de base (pour se chauffer, se déplacer, se nourrir) sont plus émettrices que les autres et suffisent à ce qu’une large partie de la population ait une empreinte trop élevée au regard des objectifs climatiques à long terme. Les dépenses supplémentaires sont généralement moins intensives en carbone, à l’exception de quelques consommations très émettrices comme les voyages en avion.

Un marathon nous attend

Dès lors, quelques calculs montrent ce qui se passerait si les plus aisés et eux seuls réduisaient leurs émissions. Si les émissions des 10 % les plus riches étaient ramenées au niveau de celles du décile immédiatement inférieur, les autres étant inchangées, les émissions totales des ménages baisseraient seulement de quelques pourcents. Si les émissions des 50 % les plus riches étaient ramenées au niveau médian, elles baisseraient d’environ 15 %. Si les émissions de tous les ménages français étaient ramenées au niveau du dixième le plus pauvre, les émissions totales baisseraient d’environ 35 % seulement. Or l’objectif européen « Ajustement à l’objectif 55 » pour 2030 vise une baisse des émissions territoriales de 55 % par rapport à 1990, soit de 45 % par rapport à 2020. Cela donne une idée de l’effort à faire sur les émissions des ménages. En outre, ce n’est que le début du chemin à accomplir pour espérer rester sous les 2 °C et respecter les engagements pris à l’accord de Paris, soit une baisse de 75 % à 95 % à l’horizon 2050. C’est un marathon qui nous attend.

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Written by Stephanie

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