Les mines d’amiantes à l’abandon continuent de polluer les cours d’eau et d’empoisonner les habitants à Val-des-Sources, anciennement Asbestos, en Estrie, selon un récent reportage de la chaîne franco-allemande Arte.
Les habitants de Val-des-Sources, qui vivent à proximité des mines, sont quatre fois plus touchés par les maladies liées à l’amiante que le reste du Canada, révèle le reportage intitulé «L’amiante histoire sans fin».
Daniel Green, membre du Parti vert et de la société pour Vaincre la Pollution, travaille depuis 30 ans sur les problèmes de substances toxiques dans l’environnement.
Sur le bord de ce qu’il surnomme l’autoroute de l’amiante des haldes, ces amoncellements de déchets miniers, parfois composés à 40 % de fibre d’amiante, sont exposés aux intempéries. Et la matière circule encore. «Le vent amène des fibres sur la route, pour des gens comme nous qui se promènent. On est exposés aux fibres», déplore-t-il.
Pour le prouver, il mesure la quantité d’amiante présente de la rivière située à 300 mètres des haldes.
Dans un échantillon analysé en laboratoire, les taux d’amiante sont effrayants.
«C’est rare de voir ça, c’est que de l’amiante partout partout partout», explique Loïc Le Dreau, technicien spécialisé en analyse de l’amiante.
«C’est très très rare de voir une telle concentration, surtout en milieu naturel. C’est comme si c’était de l’amiante pur, insiste-t-il. Je n’ai jamais vu ça.»
Ces échantillons proviennent du sable de la rivière Bécancour.
«Il suffit de prendre une poignée de sable que le sable sèche et vous en avez partout sur la main. Je conseillerai à n’importe qui ne serait-ce que de se promener à proximité d’un endroit comme celui-ci», alerte-t-il.
Les habitants semblent pourtant peu conscients du danger. «Mon père puis mon grand-père ont travaillé là et ils ne sont pas morts », mentionne une dame dans le reportage.
Une autre souligne que son mari travaille à la mine, qu’il se porte bien et qu’il n’a aucun problème de poumon.
Lorsque la rivière Bécancour déborde, elle contamine les villes situées en aval, exposant encore davantage les populations de la province de Québec.
Rappelons qu’un homme avait reçu une aide financière de Québec en 2016 afin que sa compagnie puisse tirer du magnésium à partir de résidus d’amiante d’Asbestos, un projet qui avait inquiété 17 directeurs de la santé publique du Québec. Les échantillons de résidus examinés contenaient entre 20 et 25 % d’amiante, avait rapporté «Le Journal» en août 2018.