BILLET – À Pâques, je me suis fait piquer par une tique. Je l’ai trouvée le soir même, bien plantée dans mon dos. Tout de suite, j’ai pensé à la maladie de Lyme et aux histoires d’horreur qui l’accompagnent, et je me suis demandé ce que je devais faire pour m’en protéger. Comme ces piqûres deviendront de plus en plus fréquentes avec les changements climatiques, voici un guide étape par étape de ce qu’il faut faire quand on se fait piquer, parce qu’il faut agir rapidement si on ne veut pas être malade.
Informations à jour en date de mai 2022. Merci au Dr François Milord, médecin-conseil à la direction de santé publique de la Montérégie.
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1. Retirer la tique
Dès qu’on découvre la tique, il faut l’enlever immédiatement. Ce n’est pas compliqué: on prend une pince à épiler, on saisit la tique le plus près de la peau possible, et on tire doucement mais fermement, sans tourner. Il faut faire attention de ne pas écraser le corps de l’insecte durant cette manœuvre, parce que ça peut augmenter le risque de transmission de la maladie de Lyme.
On nettoie ensuite l’endroit où la tique nous a piqué, ainsi que nos mains avec de l’eau et du savon. On peut conserver la tique dans un contenant hermétique, comme un ancien pot à pilules, pour l’amener chez le médecin si on doit consulter plus tard.
Le retrait de la tique – comme la piqûre d’ailleurs – ne fait pas mal, et pas d’inquiétude, celle-ci ne se débat pas.
2. Déterminer quand et dans quelle région on a été piqué
Le risque de transmission de la maladie de Lyme est influencé par la quantité de temps que la tique a passé accrochée à nous et par la région d’où elle vient. Il faut donc récolter ces deux données.
Les recherches montrent qu’en dessous de 36 heures, il est pratiquement impossible que la tique ait transmis la maladie de Lyme.
Les tiques qui transmettent la bactérie qui cause cette maladie sont présentes dans la nature dans plusieurs régions du Québec et leur territoire s’élargit constamment. Actuellement, en 2022, on les trouve surtout dans les régions suivantes :
- Presque partout en Montérégie – incluant la région de Sorel-Tracy, où j’étais lorsque je me suis fait piquer
- Dans l’ouest de l’Estrie (environ de Farnham jusqu’à Sherbrooke)
- Dans l’ouest de l’île de Montréal et dans le secteur de Terrebonne
- Dans les municipalités directement au nord-ouest de Gatineau
Une carte interactive montrant les régions où le risque d’attraper la maladie de Lyme après une piqûre de tique est le plus élevé est fréquemment mise à jour par l’INSPQ.
3. Déterminer si on devrait demander un antibiotique préventif
Une étude a montré qu’un traitement préventif d’antibiotiques peut réduire de beaucoup le risque de développer la maladie de Lyme après une piqûre de tique.
Les médecins et les pharmaciens peuvent prescrire ce traitement. Il s’adresse aux gens :
- Qui ont eu la tique sur eux plus de 24 heures
- Qui, lors de la prescription, n’ont aucun symptôme de maladie de Lyme et ont été piqués il y a moins de 72 heures
- Qui ont été piqués par une tique dans une région à risque
Le traitement devrait être constitué d’un seul comprimé.
Si vous choisissez d’aller chercher ce traitement, préparez-vous à en discuter avec un professionnel de la santé. Ceux sur qui je suis tombé à Montréal semblaient plus ou moins au courant des modalités.
Un médecin m’a prescrit non pas un, mais 20 comprimés d’antibiotiques, alors que j’avais eu la tique sur moi moins de 12 heures. Le pharmacien que j’ai rencontré m’a donné ces 20 comprimés sans poser de question, et ne savait pas qu’il pouvait prescrire ce traitement.
Selon le Dr François Milord, les professionnels de la santé sont de mieux en mieux informés quant à la maladie de Lyme, mais ceux qui pratiquent hors des régions les plus à risque n’ont pas toujours l’habitude.
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4. Surveiller les symptômes de la maladie de Lyme
Qu’on décide ou non de prendre l’antibiotique préventif, il faut surveiller ses symptômes dans les jours, semaines et même mois qui suivent la piqûre. Dès qu’on ressent des symptômes, il faut tout de suite consulter un médecin. Les voici :
- Le premier symptôme est habituellement une rougeur sur le site de la piqûre, qui s’agrandit assez rapidement et qui peut ressembler à une cible. De 70 à 80% des gens qui ont la maladie de Lyme ont ce symptôme.
- Si ce n’est pas traité ou détecté, la rougeur disparaît et la maladie s’étend à d’autres parties du corps, dont le système nerveux. On peut alors se retrouver avec des symptômes très variés, comme une faiblesse dans un bras ou une jambe, une paralysie d’un côté du visage ainsi que des douleurs articulaires.
La maladie de Lyme n’est pas contagieuse entre les humains.
5. Suivre le traitement antibiotique
Si vous avez été piqué par une tique et que vous avez des symptômes de la maladie de Lyme, votre médecin devrait vous prescrire un traitement d’antibiotiques, qui fonctionne normalement bien pour guérir la maladie. Il est recommandé de le prendre le plus tôt possible pour endiguer les symptômes, et éviter que certains de ceux-ci laissent des séquelles permanentes.
«La rougeur cutanée a presque toujours une guérison complète sans aucune conséquence. Les autres phases se traitent quand même relativement bien, comme la paralysie d’un côté du visage; malgré que c’est dramatique elle disparaît très bien. Par contre il peut y avoir des types de symptômes, comme les douleurs aux articulations, s’ils ont persisté dans le temps, ça peut arriver qu’on reste avec séquelles de ça, des douleurs, du gonflement occasionnel», explique le Dr Milord.
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6. Faire analyser sa tique?
Il y a quelques années, quand la maladie de Lyme a fait son apparition au Québec, on faisait systématiquement analyser les tiques au Laboratoire de santé publique. Maintenant, comme leur présence est bien documentée dans plusieurs régions, on les envoie (via le médecin) seulement si on se fait piquer dans une région où il n’y a habituellement pas de tiques, histoire de faire progresser les connaissances.
Par contre, si on veut mettre sa tique au service du savoir sans engorger inutilement la santé publique, on peut en prendre une photo et l’envoyer à l’équipe de eTick, un outil numérique créé à l’Université Bishop’s, à Sherbrooke, et maintenant cogéré par des équipes universitaires à travers le Canada.
«En un ou deux jours ouvrables, on essaie de donner rapidement l’information à l’utilisateur pour qu’il sache quel type de tique l’a piqué», explique Jérémie Bouffard, coordinateur de projet pour eTick.
Cela permet notamment de savoir si l’espèce qui nous a piqués est celle qui peut porter la maladie de Lyme (ixodes scapularis, ou tique du cerf), et nous indique à quel point il faut être vigilant dans la surveillance des symptômes. Ça permet aussi de bien documenter la progression des tiques au Canada.
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