FRANCE 5 – MARDI 27 SEPTEMBRE À 21 H 00 – MAGAZINE
AB (Agriculture biologique) est le plus ancien des labels « verts », créé en 1985 pour garantir un produit cultivé dans le respect de l’agriculture biologique – et justifier, aussi, son prix plus élevé. Réservé longtemps à une frange engagée de la population, le « bio » a connu une croissance quasi exponentielle dans les années 2010. Revers de la médaille, son succès a engendré la création de nombreux autres labels… Au risque que le consommateur s’y perde. L’enquête de ce soir, menée sur terre et sur mer, lui est destinée. Elle révèle au passage le côté protecteur de Bruxelles – pour l’instant.
Ce tour d’horizon éclectique n’hésite pas, en effet, à aborder la complexité des liens qui existent entre l’agriculture et la politique agricole commune (PAC), tout en ponctuant les sujets graves de rencontres décalées rafraîchissantes.
A commencer par ces vignerons du Bordelais, qui brassent leur compost naturel à base de bouse de vache fraîche un jour précis du calendrier lunaire pour obtenir le label Demeter : « Une démarche qui peut paraître un peu perchée », admet l’un d’eux. Ou encore cette agricultrice qui répand une louche de micro-acariens sur ses fraises labellisées « Zéro résidu de pesticide » – à ne pas confondre avec « Cultivées sans pesticides ».
Un niveau d’exigence moindre
La séquence consacrée au label Haute valeur environnementale (HVE) est plus développée, proportionnellement à l’importance qu’a prise ce label dans les étals au détriment du bio, qui a stagné pour la première fois en 2021, après des années de croissance à deux chiffres, selon l’étude AB du 10 juin. La raison en est simple et très bien expliquée dans les différents reportages : le HVE a un niveau d’exigence moindre que l’AB.
Proportionnellement aussi au danger. Dans le plan stratégique national que la France a soumis à Bruxelles en vue de l’élaboration de la PAC 2023-2027, elle supprime en effet l’aide au maintien au bio et elle met au même niveau de rémunération « verte » le bio et la certification HVE. Ce qui, heureusement, a été retoqué par Bruxelles.
Autre volet imposant de la soirée, celui consacré au label MSC pêche durable, qui certifie 15 % de la pêche mondiale, alors que 80 % des pêcheries certifiées sont industrielles. Si le documentaire donne la parole, entre autres, à Margaux Favret, directrice de l’ONG MSC France, la journaliste préfère visiblement la compagnie d’une pêcheuse sur son Jojo II, au large de la dune du Pilat, avec son chien.
On ressent la même différence de traitement à propos du sel, entre le reportage à Guérande (Loire-Atlantique) auprès d’un paludier qui utilise « du vent et un savoir-faire » et celui en Roumanie, impressionnant, avec les mineurs qui utilisent des explosifs. Mais, là encore, Bruxelles veille. En juin 2022, elle a exclu de toute labellisation l’extraction du sel à l’explosif et les additifs.
Le reportage à ne pas rater est celui consacré à Clément Baillet, éleveur de porcs gascons, fondateur de la Ferme Bacotte, à Saint-Sever (Landes), et inventeur du label AP (pour Agriculture poétique). Une blague qui fait des émules, depuis qu’il a ouvert et développé un magasin de vente directe où il agrège les productions d’une centaine de fermes dans un rayon de 150 kilomètres. La clientèle est fidèle : « On sait d’où viennent les produits. » Même si personne n’a fait le tour des fermes pour contrôler, c’est une question de confiance.
Labels : des verts et des pas mûrs, de Baya Bellanger et Floriane Chaume (Fr., 2022, 52 min). Sur France 5.