Bercy souhaitait mettre la main sur l’ensemble des opérations répertoriées par les banques, avant de recevoir un avis défavorable de la direction interministérielle du numérique.
C’est une demande aussi large que surprenante qui a été faite en septembre 2021 par le ministère de l’Économie et des Finances, relève le site spécialisé Next INpact. Dans une lettre accessible publiquement mais dont aucune promotion n’avait été faite, la direction interministérielle du numérique retoque la volonté de Bercy de collecter, en temps réel, l’ensemble des opérations bancaires des Français.
Le document évoque une demande faite le 15 septembre 2021 dans le cadre de la modernisation du fichier des comptes bancaires (Ficoba). Créé en 1971, il liste les noms associés à tous les comptes bancaires hébergés par des banques françaises, mais également, depuis 2020, les noms associés aux coffres-forts. Ce fichier, accessible à l’administration fiscale, à la sécurité sociale, ou encore à la justice, vise notamment à lutter contre la fraude et l’ensemble des activités illégales.
Montagne de données
Mais pour Bercy, les noms des détenteurs de comptes ne suffisent plus. Le ministère a en effet souhaité intégrer l’ensemble “des opérations effectuées sur les comptes bancaires”, pour les particuliers comme pour les entreprises. Un simple achat en magasin ou un virement pourrait, dans ce cadre, venir alimenter la base de données, qui gonflerait alors de façon exponentielle.
Pour la direction interministérielle du numérique, une telle évolution constitue un changement aussi massif que périlleux. Nadi Bou Hanna, alors à la tête de la direction, a émis un avis défavorable, retoquant la tentative de Bercy en mentionnant des finalités trop floues.
“Les cas d’usage de ces soldes et de ces opérations ne sont pas détaillés et leur conformité avec le cadre juridique actuel ne me paraissent pas suffisamment solides” juge Nadi Bou Hanna dans son courrier.
D’autres arguments défavorables sont avancés, à commencer par l’inexistence de tout débat parlementaire à ce sujet ou de toute consultation de la CNIL au sujet du traitement de cette montagne de données sensibles. Des informations pourtant largement accessibles: en cumulant l’ensemble des requêtes des services pouvant accéder au Ficoba, Next INpact rappelle qu’il a été consulté à 40 millions de reprises en 2020.