Des ouragans peuvent aussi se produire en Méditerranée lorsque la mer est assez chaude : il s’agit des medicanes, qui sont capables de générer des vents puissants et des précipitations diluviennes sur les pays de l’arc méditerranéen.
Le medicane est la contraction des deux mots : Méditerranée et hurricane (ouragan en anglais). Il s’agit d’un cyclone subtropical méditerranéen, aussi appelé T.M.S. (Tropical-like Mediterranean Storm) par les scientifiques. Ce système météo hybride possède les caractéristiques à la fois d’un cyclone et d’une dépression. Vu des satellites, il ressemble parfaitement aux ouragans qui frappent chaque année les Antilles et les États-Unis.
Une grosse spirale remplie d’orages très pluvieux
Le phénomène se produit en moyenne tous les 2 à 3 ans dans la mer Méditerranée, le long du littoral de la Grèce, de l’Italie, de la Sardaigne, de Malte, de l’Algérie. il est donc peu fréquent en comparaison avec les ouragans de l’Atlantique (une dizaine par an). Il peut se produire entre le mois de septembre et jusqu’en janvier, mais il est plus fréquent en octobre. Pour passer d’une simple dépression à une tempête, puis à un ouragan méditerranéen, le système a besoin d’un réchauffement marqué au sein du cœur de la dépression.
Voilà pourquoi il se produit au début de l’automne, au moment où la mer est encore chaude après l’été, au minimum 20 °C : le mois d’octobre est marqué par les premières descentes d’air froid vif lié au changement de saison, et cet air froid rencontre l’eau chaude de la Méditerranée. Plus l’été a été chaud, plus la température de l’eau est élevée, et plus le risque de medicane est important en raison du conflit de masses d’air qui génère alors une énorme convection. Cela peut se traduire par un épisode méditerranéen classique, avec de fortes pluies orageuses, ou alors par un phénomène plus organisé lorsque le cisaillement des vents est faible en altitude : le medicane, et celui-ci peut prendre de l’ampleur car ces vents faibles en altitude permettent aux orages de se développer.
En quoi le medicane est-il différent d’une simple dépression ou tempête en Méditerranée ? Contrairement à ces phénomènes, l’ouragan méditerranéen ne possède pas de système frontal, mais une forte activité convective, ainsi qu’un enroulement : en d’autres termes, il s’agit d’une grosse spirale remplie d’orages. Dans certains cas, le phénomène peut même former un œil en son centre, exactement comme l’œil des ouragans classiques. Il est alimenté en énergie par l’eau chaude de la Méditerranée, comme les ouragans qui remontent le long du golfe du Mexique pour toucher les côtes américaines.
Un medicane a soufflé jusqu’à 157 km/h en France
Lorsque les vents à l’intérieur de son enroulement atteignent les 70 km/h, il est déjà possible de parler de medicane, mais ses vents peuvent ensuite souffler jusqu’à une centaine de km/h. En général, ils n’atteignent pas l’équivalent d’un ouragan de catégorie 1 situé dans l’atlantique, soit des vents à 120 km/h minimum. L’une des raisons qui expliquent pourquoi les medicanes n’atteignent pas l’intensité des ouragans du golfe du Mexique est la température de l’eau : en automne, la température de l’eau en Méditerranée est comprise entre 23 et 27 °C, alors qu’elle atteint les 28 à 32 °C dans le golfe du Mexique. Sa durée de vie est assez courte (1 à 2 jours) et sa superficie est aussi plus petite qu’un ouragan classique : 200 à 400 km, contre 500 à 1.000 km pour un ouragan dans le golfe du Mexique.
Cependant, il est tout de même déjà arrivé que des medicanes atteignent des intensités bien plus impressionnantes : en Grèce, le 18 septembre 2020, le medicane Lanos a généré une rafale de 194 km/h sur l’île de Céphalonie, avec un vent moyen mesuré sur 1 min à 158 km/h, soit l’équivalent d’un ouragan de catégorie 2. Ce medicane a également généré des pluies diluviennes, dignes des ouragans de l’Atlantique, avec des cumuls de précipitations dépassant localement les 600 mm. Ce type de phénomène météo touche très rarement la France : l’un des derniers medicanes marquants est celui de novembre 2011. Celui-ci a frappé le littoral du Var et des Alpes-Maritimes avec de fortes pluies et un vent soufflant jusqu’à 157 km/h à Saint-Raphaël.