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les dauphins s’organisent en gang pour accéder aux femelles


Deux grands dauphins (« Tursiops truncatus »), à Shark Bay (Australie), en mars 2013.

La série Flipper le dauphin a biberonné des générations d’enfants. Créée en 1964, constamment rediffusée à travers le monde (en France jusqu’en 2009), elle a célébré, clics et sifflements à l’appui, la générosité, la douceur et la fidélité du cétacé. Ami de la famille Ricks, Flipper y sauvait, semaine après semaine, nageurs et naufragés, avant de s’en retourner au large.

Depuis quatre décennies, la science a dessiné une image quelque peu différente de l’animal. Dans la « baie des requins », Shark Bay, à l’extrême ouest de l’Australie, les équipes de chercheurs ont certes confirmé le degré d’intelligence suggéré par le feuilleton. Par exemple, pour éviter les blessures lorsqu’il pêche en terrain accidenté, le dauphin de Shark Bay protège son rostre d’une éponge. Un comportement apparenté à la maîtrise d’un outil, transmis socialement et spécifique de cette région : ce que les éthologues nomment une « culture ». Mais les biologistes ont aussi montré à quel point, sans ses congénères, le mammifère marin n’était pas grand-chose, tant l’espèce apparaît hautement sociale. Du côté des femelles, la recherche de nourriture comme le soin des petits sont réalisés collectivement, les plus expérimentées enseignant à leurs « sœurs » les bonnes manières. Du côté des mâles, la connaissance restait plus lacunaire.

Dans un article publié le 30 août dans les Comptes-rendus de l’Académie des sciences américaine (PNAS), Richard Connor, de l’université du Massachusetts à Dartmouth, avec Stephanie King, de l’université de Bristol, et leurs collègues, décrivent l’ampleur des réseaux masculins. Dès l’adolescence, les jeunes mâles se toisent, se cherchent, et se trouvent. Des duos se forment, parfois des trios, soudés pour la vie. Dans ces « alliances du premier ordre », on partage la nourriture mais surtout les femelles.

Entre ces groupes, la bataille peut être violente. Aussi des « alliances de second ordre » s’établissent, qui accueillent y compris des individus restés solitaires. Lors de précédents travaux, le biologiste américain avait montré le rôle central de ces « groupes de groupes », composé de quatre à quatorze individus. Un appel, et les acolytes rappliquent. Pas d’erreur possible car, chez les dauphins, le sifflement vaut signature, avec une enveloppe sonore principale déterminant la lignée, et des variations individuelles – nom, prénom, en quelque sorte.

Des alliances du troisième ordre

C’est du reste grâce au suivi de ces sifflements et à des photos aériennes que Richard Connor et Stephanie King ont mis en évidence des alliances du troisième ordre. Observés pour la première fois en 2001, ces clans ont fait l’objet d’une longue observation. Résultat : des bandes de 22 à 50 individus, déterminantes pour disposer de temps aux côtés des femelles et pour assurer ainsi au mâle un bon succès reproducteur, démontre l’article. Ce qui fait un bon gang ? « Cette fois, la taille compte, sourit Richard Connor. Mais pas seulement : l’intensité des liens, le nombre d’interactions est également important. »

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Written by Milo

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