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La Suède contrainte de cesser la production de tomates d’hiver


Tomates sous serres à Nybyn (Suède), en 2012.

En salade, sur leur tartine le matin, ou dans un plat : les Suédois mangent des tomates été comme hiver. Dès le retour des beaux jours, la production locale, en serres, couvre 30 % des besoins. L’hiver, 97 % des tomates sont importées, principalement des Pays-Bas, mais aussi d’Espagne ou du Maroc. Les 3 % restants – environ 30 tonnes par semaine – sortent des serres de la société Nordic Greens, à Trelleborg, dans le sud du pays.

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Mais cet hiver, pour la première fois depuis 2014, les consommateurs vont devoir s’en passer. Une fois les dernières tomates d’été ramassées, fin octobre, les serres seront vidées et nettoyées à fond, avant la reprise de la production au printemps. En cause : le coût de l’électricité, trop élevé pour assurer la rentabilité d’une culture d’hiver.

A côté des serres, deux grosses chaudières à bois produisent l’énergie nécessaire pour chauffer les bâtiments d’une superficie équivalente à vingt-huit terrains de football. Mais quand le soleil ne se lève plus qu’à 8 h 30 et se couche dès 15 h 45, au mois de décembre, la lumière du jour ne suffit plus pour faire pousser les tomates. Il faut alors allumer les centaines de lampes LED accrochées aux plafonds de verre.

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Or ce n’est pas seulement le prix de l’électricité qui a augmenté : l’inflation concerne aussi les graines, les plants et les fertilisants. Le coût des emballages a bondi de 50 % ces derniers mois. Celui de l’urée, utilisée pour le traitement de l’oxyde d’azote dans les cheminées des chaudières, est passé « de 2 à 11 couronnes [de 0,18 à 1,01 euros] le kilo ». Mindaugas Krasauskas, chef du site, âgé de 43 ans, dessine un graphique, sur un tableau blanc. Né en Lituanie, il a commencé ici comme saisonnier, il y a une vingtaine d’années.

L’inflation concerne aussi les graines, les plants et les fertilisateurs

Entre avril et octobre, explique-t-il, les serres consomment 300 MWh d’électricité par mois. L’hiver, les besoins sont multipliés par quatre, pour atteindre 1 200 MWh. Jusqu’en 2021, Nordic Greens payait autour de 60 centimes de couronnes le kWh, soit 1 million de couronnes par an. « Puis les prix se sont mis à fluctuer, grimpant jusqu’à 2,50 couronnes. Depuis août, on est passé à 3,60 couronnes en moyenne, avec des pics à 5-6 couronnes, certains jours, soit dix fois plus que ce qu’on payait avant 2021. »

A ce niveau, cultiver des tomates en hiver n’a plus aucun intérêt, assure M. Krasauskas. Car si les clients sont prêts à débourser un peu plus pour des produits locaux, il y a des limites : « Les tomates ne sont pas comme le lait ou la viande, que les consommateurs continueront d’acheter, même si les prix augmentent. Si nous reportons les coûts sur les clients, ils achèteront autre chose. »

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Written by Stephanie

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