Cette semaine, Paris accueille la Fashion Week. Pendant huit jours, les défilés se succèdent et les plus grandes maisons présentent leurs nouvelles collections. Le monde de la mode retient son souffle, suspendu à ces presque quinze minutes de défilé qui se répètent d’une marque à l’autre, et qui inspireront les tendances vestimentaires pendant de nombreux mois. Suspendu aussi à un marché considérable : la Paris Fashion Week génère à elle seule 10,3 milliards d’euros de transactions commerciales.
Il y aurait de quoi nous faire rêver. Sauf qu’aujourd’hui, les fashion weeks émettent plus de 240 000 tonnes de CO2 chaque année, selon l’étude réalisée par Utopies pour la Ville de Paris. A l’heure où la sobriété est sur toutes les lèvres, la mode doit se transformer durablement. Et vite. Paris, capitale historique de la mode, a un rôle majeur à jouer dans cette dynamique.
Deuxième industrie la plus polluante
L’industrie de la mode, et plus particulièrement la « fast fashion » – littéralement mode rapide ! –, nous pousse à une consommation de vêtements toujours plus importante. Résultat : une mode à usage unique qui n’exige rien d’autre que des bas prix. Depuis les années 2000, la production mondiale de vêtements a plus que doublé, alors que 70 % de notre garde-robe n’est pas portée.
Pourtant, nous sommes de plus en plus nombreuses et nombreux à connaître les conséquences sociales et environnementales désastreuses de cette surconsommation, qui ont fait l’objet de publications et reportages nourris. Et pour cause, la mode est la deuxième industrie la plus polluante au monde : extraction et transformation des matières premières, confection, transport, consommation, et gestion des pièces en fin de vie, à chacune des étapes de leur chaîne de valeur nos vêtements ravagent les écosystèmes naturels. L’industrie de la mode représente à elle seule autant d’émissions de gaz à effet de serre que les trafics maritime et aérien réunis.
Parallèlement, la plupart des multinationales sous-traitent et externalisent leur production dans un souci de rentabilité, dans des pays où les conditions de travail sont indécentes. L’effondrement en 2013 de l’immeuble du Rana Plaza au Bangladesh où travaillaient des milliers d’ouvriers et ouvrières pour des sous-traitants de grandes marques occidentales, ou les récentes plaintes déposées par des associations contre des multinationales soupçonnées de bénéficier du travail forcé des Ouïgours, minorité musulmane en Chine, en sont les douloureux témoins.
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