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à travers l’Europe, ces industries qui risquent la délocalisation

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Usine SKW, à Lutherstadt-Wittenberg (Allemagne), le 1er septembre 2022.

Svein Tore Holsether compare son secteur à l’industrie textile européenne des années 1990 : au bord d’une délocalisation majeure. Depuis fin août, le patron de Yara, une grosse multinationale norvégienne qui fabrique des engrais, a réduit des deux tiers la production de ses nombreuses usines européennes, dont trois en France. L’envolée des prix du gaz, qui est sa matière première (celui-ci est transformé avec l’azote de l’air pour produire de l’engrais et une série de produits dérivés), ne les rendait plus rentables. « Si vous prenez l’urée [un des produits issus de ses usines], par exemple, au moment où on a décidé de fermer, ça nous coûtait 2 000 dollars [2 040 euros] par tonne à produire, et ça se vendait 800 dollars. Aux Etats-Unis, une même tonne coûte 200 dollars à produire, et en Russie 100 dollars. »

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Impossible dans ces conditions de tenir tête à la concurrence. Et si ses sites de fabrication, qui emploient 7 000 personnes en Europe, ne sont pas complètement fermés, c’est essentiellement pour produire de l’AdBlue, un produit indispensable au diesel des camions, dont le prix a fortement augmenté et qui demeure rentable.

Un mois après cette quasi-fermeture de ses activités en Europe, M. Holsether craint que les dommages ne soient irréversibles. « On risque de voir notre industrie effacée de la carte en Europe. Vous savez, nous ne sommes pas comme des restaurants qu’on peut fermer temporairement pour lutter contre un virus et qui retrouvent leurs clients après. Le danger est que cela devienne permanent. » Il rappelle que ses usines fournissent « des emplois de cols bleus de qualité », ce qui devient rare en Europe.

Partout à travers le Vieux Continent, l’industrie subit de plein fouet un choc gazier historique. Le gaz naturel, qui sert de source d’énergie, mais aussi souvent de matière première, est passé de 30 euros du mégawattheure il y a un an, à 200 euros aujourd’hui, avec un pic à 350 euros courant août. Presque du jour au lendemain, de nombreuses usines, très énergivores et souvent déjà peu rentables, se sont retrouvées déficitaires. Le choc est concentré sur l’Europe, puisque le gaz se transporte mal et les prix sont différents par région. Aux Etats-Unis ou en Asie, son coût a augmenté de façon bien plus limitée.

Balance commerciale

Robin Brooks, un Allemand qui est chef économiste de l’Institute of International Finance (IIF), une association financière basée aux Etats-Unis, estime qu’il s’agit « du plus fort choc de compétitivité pour l’Europe depuis les années 1980 ». D’un coup, la balance commerciale de la zone euro, qui était structurellement positive depuis une décennie a chuté. De janvier à juillet 2021, elle était (pour les biens) de 121 milliards d’euros en zone euro ; de janvier à juillet cette année, elle est passée à − 177 milliards d’euros. « On pense toujours à l’Europe comme une région ayant un surplus commercial. En deux mois, celui-ci a disparu. C’est choquant », continue M. Brooks.

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