Un mois avant la COP27 en Égypte, les ministres de l’Environnement d’une soixantaine d’États se retrouvent, lundi, à Kinshasa, pour une réunion préparatoire visant à appeler les pays riches et pollueurs à assumer leurs responsabilités et aider les pays en développement.
À un mois de la conférence annuelle de l’ONU sur le climat, qui s’ouvrira en novembre en Égypte, les ministres de l’Environnement d’une soixantaine de pays se retrouvent, lundi 3 octobre à Kinshasa (RD Congo), pour une “pré-COP”. Organisée en Afrique, elle devrait appeler les pays riches et pollueurs à assumer leurs responsabilités et mettre la main à la poche.
Ce type de réunion préparatoire n’est pas un cadre de négociations formelles mais doit permettre à différents pays, groupes et organisations de faire le point des avancées possibles et des blocages à craindre lors de la COP27 sur les changements climatiques prévue à Charm-el-Cheikh du 6 au 18 novembre.
Après la cérémonie d’ouverture au palais du peuple, siège du Parlement de la RD Congo, les participants vont discuter pendant deux jours autour des thèmes habituels des négociations sur le climat : adaptation, atténuation, finance, “pertes et préjudices”. De multiples bilatérales auront aussi lieu entre Européens, Africains, Asiatiques, Américains, les États-Unis étant représentés par leur envoyé spécial pour le climat, John Kerry.
Lourde facture à payer pour l’adaptation
“Faire plus” pour lutter contre le dérèglement climatique et pour aider les pays pauvres à y faire face : le ton a déjà été donné dès l’ouverture des travaux de la réunion préparatoire.
Comme attendu, COP et pré-COP étant organisées sur le continent africain, l’accent a été mis dès les premières interventions sur l’accompagnement des pays du Sud par les pays industrialisés et pollueurs.
Dans leurs discours d’ouverture, le Premier ministre de RD Congo, Jean-Michel Sama Lukonde, et sa ministre de l’Environnement, Eve Bazaïba, ont rappelé que l’Afrique n’est “responsable que de 4 % des émissions mondiales” de gaz à effet de serre et “en séquestre davantage qu’elle n’en émet”.
Mais, ont-ils dit, comme toutes les autres régions en développement, elle aura de plus en plus de mal à “opérer un choix” entre la lutte contre “l’extrême pauvreté qui la décime” et “la lourde facture à payer pour l’adaptation au changement climatique”, si les pays industrialisés ne lui offrent pas “d’alternatives technologiques et financières conséquentes”.
“Nous avons besoin d’oxygène, nous avons aussi besoin de pain”, a lancé Eve Bazaïba.
Après l’avoir rencontrée dans l’après-midi, John Kerry s’est dit convaincu qu’il était possible de “trouver un équilibre entre la nécessité de protéger le Bassin du Congo et les exigences de développement et de création d’emplois”.
Lors de la précédente COP, en novembre 2021 à Glasgow, la communauté internationale avait réaffirmé son objectif de contenir le réchauffement de la planète à 1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle, un objectif fixé en 2015 par “l’accord de Paris” mais pour l’heure hors d’atteinte, puisque nous sommes déjà à près de 1,2°C.
Les pays pauvres avaient demandé, de leur côté, un mécanisme spécifique de prise en compte des “pertes et dommages” (ou “préjudices”) provoqués par le changement climatique, auquel ils sont les plus exposés. Les pays riches, souvent les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre, avaient rejeté cette revendication et seulement concédé la tenue jusqu’en 2024 d’un “dialogue” sur les “modalités” de financement.
“Toutes les questions à l’agenda sont importantes”, mais s’agissant du financement, “le tableau n’est pas rassurant”, a reconnu le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Shoukry, président de la COP27.
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La RD Congo, “pays solution” ?
Sur tous les points à l’ordre du jour, Amina Mohammed, vice-secrétaire générale de l’ONU, a elle aussi admis que des “progrès” étaient indispensables, notamment sur les “pertes et dommages”, au nom de la “solidarité internationale” et de la “confiance”.
La ministre congolaise de l’Environnement a déploré une “tendance à la banalisation du non-respect des engagements internationaux”, tel que celui de porter à 100 milliards de dollars par an l’aide aux pays en développement pour leur permettre de lutter contre le changement climatique.
À propos de “l’accès aux fonds climats par les pays forestiers”, Eve Bazaïba a regretté que les conditions posées soient de véritables “barrières”, selon elle.
La RD Congo profite de la pré-COP pour se présenter en “pays solution”. En plus de ses ressources en minerais phares de la transition énergétique (cuivre, cobalt, lithium…), l’immense pays d’Afrique centrale a quelque 155 millions d’hectares de forêt tropicale, ce qui en fait un “poumon vert” capable d’absorber le carbone et de contribuer à la lutte contre le dérèglement climatique.
Mais le gouvernement défend aussi le droit du pays à exploiter son pétrole, un projet vivement critiqué par des organisations de défense de l’environnement.
Le Premier ministre congolais a rappelé que certains pays européens étaient “retournés à l’usage des sources d’énergies polluantes qu’ils avaient préalablement bannies”, afin de compenser le déficit d’énergie provoqué par la guerre en Ukraine. Il faut éviter de “tomber dans l’arbitraire, avec certains États libres de poursuivre, voire d’augmenter leurs émissions, et d’autres empêchés d’exploiter leurs ressources naturelles”, a-t-il demandé.
“Nos forêts sont en train de mourir à un rythme fou, nous les enfants nous sommes les premières victimes”, sont venus dire à la cérémonie une cinquantaine d’enfants, en demandant aux responsables assis devant eux de “faire plus” pour leur léguer un monde respirable.
Avec AFP