Une vaste étude s’est penchée sur les caractéristiques démographiques et sociales des mères pendant la grossesse, à l’accouchement et deux mois après la naissance, ainsi que sur leur état de santé physique et mental.
À quoi ressemblent les mères en 2021? Une nouvelle enquête nationale périnatale publiée ce jeudi et menée par l’Inserm et Santé publique France se penche sur leurs caractéristiques démographiques, sociales, ainsi que sur leur état de santé physique et mental pendant la grossesse, au moment de l’accouchement et deux mois après.
Cet état des lieux, réalisé auprès de 13.404 femmes en mars 2021, confirme des tendances remarquées à long terme et montre notamment que les jeunes mères sont en moyenne plus âgées, plus souvent en surpoids, mais mieux suivies médicalement. L’accent a également pour la première fois été mis sur l’étude de leur santé mentale.
• Un quart des mères accouche à plus de 35 ans
Premier grand enseignement de l’étude faite tous les 5 ans, les mères sont de plus en plus âgées au moment d’accoucher: une femme sur quatre qui accouche en France, pas forcément pour la première fois, a plus de 35 ans.
En effet, la part des femmes âgées de 35-39 ans à l’accouchement et celle de 40 ans et plus sont en augmentation depuis 2016 (19,1% en 2021 versus 17,2% en 2016, et 5,4% en 2021 versus 3,9%, respectivement).
La tendance à un âge croissant de la maternité inquiète en raison des risques pour la mère et l’enfant augmentent de manière sensible avec l’âge des femmes.
• Plus de mères en surpoids, mais moins de cas d’addiction
Autre grande tendance qui se poursuit: les mères sont de plus en plus souvent en surpoids ou obèses. Une augmentation “préoccupante”, souligne l’étude.
En 2021, 23% des femmes étaient en surpoids contre 19,9% en 2016 et plus de 14% étaient obèses en 2021 contre 11,8% en 2016.
“Ce sont des facteurs souvent associés à des complications au cours de la grossesse”, rappelle Camille Le Ray, gynécologue-obstétricienne, épidémiologiste à l’Inserm, lors d’un point presse.
Bonne nouvelle en revanche sur le plan de l’addictologie, les femmes sont moins nombreuses à déclarer la consommation de tabac pendant le troisième trimestre de grossesse (de 16,3% en 2016 à 12,2% en 2021). Même tendance pour le cannabis (de 2,1% à 1,1%).
• Un niveau d’étude en augmentation
Outre les conditions médicales, l’étude s’intéresse aux données sociologiques des mères interrogées. Elle montre ainsi que les femmes enceintes sont de plus en plus nombreuses à avoir suivi de longues études.
La part des futures mères ayant suivi des études au-delà du baccalauréat est passée de 42,8% en 2003 à 52,1% en 2010 puis 55,4% en 2016 et 59,4% en 2021.
• Plus de 16% présentent un état dépressif deux mois après l’accouchement
Pour la première fois depuis le début de cette enquête, un suivi à deux mois a aussi permis d’évaluer la santé mentale des femmes. Il montre que 16,7% des mères présentent des symptômes dépressifs majeurs deux mois après l’accouchement.
L’étude précise qu’il n’est pas possible de déterminer si cette situation est liée ou non à la dégradation générale de la santé mentale de la population avec la pandémie de Covid-19.
Depuis le 1er juillet, dans ce cadre, un entretien postnatal précoce a été rendu obligatoire pour les jeunes mères. Destinée à repérer très tôt les premiers signes de mal-être, cette mesure était recommandée depuis 2014 par la Haute Autorité de santé (HAS).
La part de femmes ayant consulté un professionnel de santé pour des difficultés psychologiques au cours de la grossesse est d’ailleurs en augmentation (de 6,4% à 8,9%).
• 1 femme sur 10 évoque des paroles ou actes inappropriés de soignants
Autre nouveauté de cette étude, elle a recueilli le ressenti des femmes sur les soins reçus pendant cette période de leur vie. Et environ 10% rapportent avoir été exposées parfois ou souvent pendant leur grossesse, leur accouchement ou le séjour à la maternité à des paroles ou attitudes inappropriées de la part de soignants, et environ 7% à des gestes inappropriés.
Par ailleurs, 15,5% des femmes affirment avoir vécu difficilement ou très difficilement leur grossesse et 11,7% ont un mauvais, voire très mauvais, vécu de leur accouchement.
Lorsqu’on les interroge, deux mois après l’accouchement, sur leur satisfaction, plus de 90% des femmes se disent toutefois satisfaites voire très satisfaites de leur prise en charge médicale durant le suivi de leur grossesse et leur accouchement. Près de 8 femmes sur 10 disent notamment avoir reçu la visite à domicile d’une sage-femme après la naissance.