Germain
Le gouvernement a fait des box internet un symbole de la sobriété numérique. Et ce même si éteindre sa box ou couper le Wi-Fi ne représente qu’une infime partie des dépenses énergétiques du pays.
Lors de la présentation de son plan de sobriété ce jeudi 6 octobre, le milieu des télécoms a été invité à participer à l’effort national pour éviter d’éventuelles coupures d’électricité durant l’hiver. Le gouvernement a ainsi invité les opérateurs à “définir les critères d’un paramétrage des box internet et des décodeurs TV pour une mise en veille en cas de non-utilisation”, précise le texte.
Côté décodeurs TV, il est assez simple de comprendre que lorsqu’une personne ne regarde pas son téléviseur, l’outil sera mis en veille. SFR (dont la maison-mère Altice est propriétaire de BFMTV) a d’ailleurs annoncé mardi 4 octobre, en amont des recommandations gouvernementales, l’instauration d’une veille automatique profonde de ses décodeurs à compter du mois de novembre. Cette fonction promet une économie de consommation électrique de l’appareil allant jusqu’à 90%.
Moteur allumé
Néanmoins, la manœuvre est beaucoup moins intuitive pour ce qui est des box internet. En juillet déjà, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran proposait de “débrancher le Wi-Fi” lors des départs en week-end ou en vacances. Mais désormais, le geste pourrait devenir quotidien.
“On ne laisse pas sa voiture moteur allumé sur le parking toute la journée en attendant de s’en servir. De même pour un robinet d’eau. C’est pourtant le cas avec la connexion internet”, constate Frédéric Bordage, expert indépendant en sobriété numérique et fondateur de Green IT.
Ce collectif d’experts indépendants est consulté depuis une dizaine d’années par les cabinets ministériels. C’est ainsi que 13 mesures sur le numérique ont été proposées par Green IT au gouvernement dans le cadre de ce plan de sobriété. Si elles n’ont pas été toutes conservées, la mise en veille des box internet et des décodeurs TV a été mise en avant.
Dans l’une de ses études, Green IT pointait qu’“une box ADSL/fibre consomme en moyenne 158 kWh d’électricité par an et jusqu’à 300 kWh selon les modèles”. Cette quantité peut paraître faible, mais elle représente 19% de la consommation électrique consacrée au numérique dans un foyer. Surtout, la consommation annuelle grimpe à 6,5 TWh (soit 6,5 milliards de kilowatt-heure) pour l’ensemble du territoire.
“A l’échelle de la France, c’est très peu. Mais il s’agit du gisement le plus facile à travailler, assure Frédéric Bordage. En éteignant les box internet et les décodeurs TV sur une plage étendue en journée et une partie de la nuit, l’économie pourrait être de l’ordre de 50%.”
Développement des modes veille
Selon l’expert, ce geste simple aurait plusieurs vertus. Il permettrait en premier lieu que les consommateurs prennent conscience que le numérique, souvent présenté comme immatériel, a de véritables impacts dans la vie. Mais c’est également une économie de 3,2 TWh qui serait réalisée. Grossièrement, une demie-tranche de réacteur nucléaire serait ainsi libérée.
Pour y parvenir, les opérateurs agissent déjà. Orange a par exemple adopté deux modes de veille sur sa nouvelle Livebox. Lancée en avril, elle propose de couper les services et de ne conserver que la téléphonie fixe (en mode veille) ou bien de stopper l’intégralité des services (veille prolongée). Avec des économies d’énergie respectivement de 30 et 93% à la clé. “La réduction de l’impact énergétique des équipements a été une priorité dans le développement de la Livebox 6”, affirme l’entreprise.
D’ailleurs, les nouvelles générations de box internet sont généralement plus efficientes. “La dernière Freebox – la Freebox Pop – consomme 40% de moins que la précédente génération”, assure un porte-parole de Free, auprès de Tech&Co. Comme pour Orange, le fournisseur d’accès à internet propose à ses clients de programmer une coupure automatique du Wi-Fi sur certaines plages horaires, via une application.
Les opérateurs doivent désormais renouveler le parc de box internet installées chez les clients. Le tout en les sensibilisant à ces gestes d’économie. Mais l’enjeu consiste également à migrer les abonnés ADSL vers des offres fibre, une technologie plus performante et moins énergivore, indique Free.
