Les molécules capables d’activer le même récepteur que celui des psychédéliques constitueront-elles les traitements antidépresseurs de demain ? C’est ce qu’espèrent des chercheurs américains après des années de recherche sur le sujet.
En passant au crible une bibliothèque informatique de 75 millions de molécules, une équipe américaine a trouvé des composés capables de produire des effets antidépresseurs et anxiolytiques puissants chez les souris. Les molécules considérées activent le même récepteur sérotoninergique 5HT2a que celui de psychédéliques (comme le LSD), mais sans provoquer d’hallucinations. De nouveaux traitements contre la dépression pourraient ainsi être développés, les antidépresseurs actuels s’avérant parfois inefficaces tout en provoquant des effets secondaires.
Objectif : se passer des effets hallucinatoires des psychédéliques
L’idée n’est pas nouvelle, puisque des recherches antérieures ont déjà montré qu’une ou deux doses élevées de substances psychédéliques (comme la psilocybine et la MDMA) pouvaient présenter un intérêt à long terme sur la dépression, l’anxiété et le trouble de stress post-traumatique. Cependant, on ne savait pas encore comment se passer de l’effet hallucinatoire des substances psychédéliques.
Les récepteurs 5HT2a activent différentes voies de signalisation dans les cellules. La nouvelle étude publiée dans Nature montre que ces récepteurs 5HT2a déclenchent en fait deux voies différentes : une voie hallucinatoire et une voie antidépressive. Bonne nouvelle, si le LSD active davantage la première, les nouveaux composés activent davantage la seconde. Les chercheurs rapportent qu’une seule dose de ces composés a produit sur les souris des effets antidépresseurs et anxiolytiques qui ont duré jusqu’à deux semaines, et ce sans effet hallucinatoire.
La prochaine étape du projet consistera à rendre les composés suffisamment sélectifs pour être utilisés dans des essais cliniques.