La coloscopie fait partie des examens de dépistage du cancer colorectal, un des cancers les plus fréquents. Et pourtant, une étude randomisée parue récemment conclut qu’elle ne sauve pas de vies. Qu’en est-il vraiment ?
Passer une coloscopie est un moment désagréable et redouté par les patients. L’intervention consiste à explorer avec une caméra le rectum, l’intestin grêle et le gros intestin à la recherche de polypes qui pourraient devenir cancéreux dans les années à venir. Elle fait partie intégrante de la stratégie de dépistage du cancer colorectal, l’un des plus fréquents chez les hommes et femmes de plus de 50 ans.
Jusqu’à aujourd’hui, aucune étude randomisée ne concluait que la coloscopie permettait effectivement de réduire la mortalité due au cancer colorectal, et par extension, que ce test de dépistage est sans risque pour la santé et n’augmente pas le risque de mortalité de toute cause. Une étude parue dans The NEJM, menée en Norvège, en Pologne et en Suède, a pris ce problème à bras-le-corps. Les conclusions vont à l’encontre de ce que l’on supposait : ce test ne diminue pas la mortalité due au cancer du côlon.
Coloscopie et incidence du cancer colorectal
Le protocole de l’étude reproduit un programme de dépistage du cancer colorectal. Parmi les 80.000 participants répartis dans les trois pays, certains sont invités à passer une coloscopie (28.000 personnes), dont 42 % passeront effectivement l’examen. L’incidence du cancer du côlon, et les décès qu’il provoque sont suivis sur 10 ans et comparés à 56.000 personnes qui n’ont pas reçu d’invitation et n’ont pas passé de coloscopie. Les scientifiques se sont assurés que ces derniers n’en passent pas une en dehors de l’essai clinique.
Au début des dix années de suivi, les scientifiques ont d’abord observé une hausse du risque de cancer colorectal chez les patients invités à se dépister – une tendance attendue puisque le dépistage permet de révéler la présence de cancer. Mais au bout de six ans de suivi, le risque de cancer colorectal chez les personnes qui ne sont pas dépistées devient plus important. Au total, le risque de cancer colorectal est de 0,98 chez les patients dépistés et de 1,20 chez les personnes non dépistées.
Pas de bénéfice sur la mortalité
Le même suivi a été réalisé pour le risque de décès à cause du cancer colorectal ou de toute autre cause. Dans ce cas, il n’y a aucun bénéfice pour les patients dépistés. À l’issue de dix ans de suivi, le risque de décès lié au cancer du côlon est de 0,28 % (72 décès répertoriés) pour les personnes dépistées par coloscopie et 0,31 % pour les personnes non dépistées. Dans le groupe dépisté, les scientifiques ont répertorié 11,03 % de décès de toutes causes dans le groupe « des dépistés » et 11,04 % dans le groupe « des non dépistés ». L’étude montre donc que la coloscopie n’a aucun bénéfice sur la mortalité due au cancer colorectal.
La coloscopie n’est pas le seul test de dépistage possible pour prévenir le cancer colorectal, il existe notamment la sigmoïdoscopie. Ce test moins invasif permet d’observer seulement le rectum, le côlon sigmoïde et le côlon gauche, contrairement à la coloscopie qui remonte plus haut dans le système digestif. La sigmoïdoscopie nécessite moins de moyens médicaux pour être réalisée, mais elle a été peu à peu remplacée par la coloscopie. Pourtant, les scientifiques notent : « Ces résultats suggèrent que le dépistage par coloscopie pourrait ne pas être beaucoup plus efficace pour réduire le risque de cancer colorectal que la sigmoïdoscopie. »
En France, le dépistage du cancer du côlon (une analyse de selles et une coloscopie en cas d’anomalie) est recommandé à toutes les personnes âgées de 50 à 74 ans et remboursé par l’Assurance maladie.