Des chercheurs sont parvenus à isoler quatre facteurs de risque dont sont particulièrement porteurs les personnes qui souffrent d’asthme, majoritairement chez les enfants.
Les personnes ayant grandi entourées de chiens en milieu urbain et celles qui ayant été allaitées et ayant grandi dans une fratrie risquent de partager un point commun: souffrir d’asthme, selon une étude réalisée par une vingtaine de chercheurs. Ces derniers, spécialisés dans différentes disciplines, sont parvenus à la conclusion que quatre combinaisons d’expositions spécifiques sont plus associées à l’asthme que les autres.
Leur étude pluridisciplinaire, menée sur près de 21.000 Français, a été publiée dans le Journal américain de la médecine respiratoire et des soins intensifs. Elle a pris en compte quatre aspects de la vie des personnes étudiées: les facteurs socio-économiques, l’environnement de vie de ces personnes au moment de l’étude et au début de leur vie, mais aussi leur mode de vie.
Trois situations chez les enfants, une chez les adultes
La première des combinaisons particulièrement susceptible d’être associée à l’asthme, c’est “l’exposition à un tabagisme passif important au cours de la petite enfance” (soit de la naissance aux six ans) adossée à une vie avec des chiens.
Un paradoxe, alors que deux précédentes études concluaient qu’une enfance entourée de chiens pouvait avoir des bienfaits pour prévenir les risques d’asthme. Selon ces dernières, des bénéfices étaient même observés chez des enfants exposés à des chiens alors qu’ils étaient encore des foetus.
Autre association de facteurs qu’on retrouve plus que les autres chez les personnes asthmatiques: avoir des profils de naissance dits “défavorables”, c’est-à-dire une naissance prématurée (avant la fin du huitième mois de grossesse) ou par césarienne, puis séjourner longtemps dans une crèche en milieu urbain. Le premier facteur peut amener un fonctionnement altéré de l’organisme par rapport à la normale tandis que le deuxième coïncide avec une dégradation de la qualité de l’air respiré.
La dernière combinaison chez l’enfant consiste à appartenir à une fratrie d’au moins trois personnes et d’avoir été allaité. Ce dernier facteur avait lui aussi déjà été pointé comme prévenant l’asthme par une précédente étude mais seulement pour les personnes dont l’allaitement a été exclusif (pas de biberons) et dans les familles sans antécédents de troubles respiratoires.
Chez l’adulte, c’est l’alimentation déséquilibrée (menant le plus souvent, dans l’étude, à un surpoids) associée à un tabagisme qui est la plus corrélée à l’asthme. L’étude note toutefois que l’alimentation joue moins sur les risques d’asthme que l’Indice de masse corporelle (IMC), en l’occurrence le surpoids.
L’étude rappelle également que le nombre de cas d’asthme est en constante augmentation dans les pays occidentaux. En France, environ 1000 personnes meurent tous les ans de l’asthme.
Pas de “lien de causalité” établi à ce stade
Si ces associations de facteurs sont plus présentes chez les personnes asthmatiques, l’étude ne dit pas pour autant que leur présence est une cause mécanique de la maladie. Une nuance importante pour ne pas tirer de conclusions hâtives.
Nous allons mener de nouvelles analyses pour évaluer l’existence de liens de causalité. Si c’est le cas, on pourra imaginer le développement de programmes de prévention de la maladie qui seront mieux ciblés”, explique Valérie Siroux, directrice de l’étude.
Ces travaux représentent par ailleurs la première démarche d’analyse du lien entre associations de facteurs et développement de l’asthme. Cette méthode pourrait être réutilisée pour étudier d’autres affections respiratoires dans le futur, dans une recherche de coïncidence d’abord avant de tenter d’établir des liens de causes à effets.