Suivre au jour le jour son humeur, son sommeil, son anxiété ou encore ses idées noires, sa prise de médicaments : journal de bord numérique entièrement personnalisable, l’application Jardin mental permet d’évaluer sa santé mentale et peut aussi servir de base d’échange avec un psychologue, un psychiatre… afin d’optimiser le suivi et la prise en charge.
Lancée en septembre 2020 – au départ sous le nom de Mon suivi psy –, avec un soutien financier de l’agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France, l’application est gratuite et constamment évolutive. La confidentialité est un autre atout de cette solution développée par la start-up d’Etat du même nom, incubée à la Fabrique numérique des ministères sociaux. « Il faut rassurer les utilisateurs sur le fait qu’aucune donnée n’est transmise, tout reste sur leur smartphone. Les patients peuvent, en revanche, les envoyer par mail à un professionnel », précise d’emblée Antoine de Zélicourt, responsable du projet. Jusqu’ici, la cotation de chaque item se fait avec cinq émoticones, allant du rouge au vert ; elle devrait bientôt évoluer vers une notation de type échelle visuelle analogique, comme celle utilisée pour la douleur.
Comme dans bien d’autres domaines de la médecine, les outils numériques – et, en particulier, les applications – déferlent dans le secteur de la santé mentale, proposant conseils de bien-être, gestion du stress, suivi de pathologies chroniques, etc. Plus ou moins fiables, plus ou moins évaluées, souvent commerciales, elles se comptent en milliers (plus de 10 000 en 2020, selon l’Association américaine de psychologie).
La France, plutôt en retard sur l’usage du numérique en santé mentale, souhaite désormais le développer. « La santé mentale est un des domaines dans lesquels le déséquilibre entre le besoin et l’offre numérique est le plus important », constatait notamment le ministère de la santé, dans un document de janvier 2022, faisant le point sur la mise en œuvre de la feuille de route « Santé mentale et psychiatrie ».
Avoir une vision globale
C’est dans ce contexte que s’inscrit l’application Jardin mental, lauréate d’un appel à innovateurs de l’ARS Ile-de-France, en 2019. A son origine, le constat de terrain d’une psychiatre de l’hôpital Barthélemy-Durand, dans l’Essonne. « Les patients ont du mal à relater fidèlement les événements et les variations de leurs symptômes et ressentis entre deux séances. Or, c’est justement sur la base de ces informations que l’on peut poser un diagnostic et adapter efficacement la prise en charge, qu’elle soit médicamenteuse ou non », estimait Lya Pedron.
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