Ceux nés en isolement mettent plus longtemps à savoir pointer du doigt ou dire au revoir avec la main, selon les conclusions de chercheurs irlandais.
Le confinement dû au Covid-19 a pu “avoir une incidence sur les capacités de communication sociale des bébés nés” pendant cette période, écrivent des chercheurs irlandais dans une étude parue ce mardi dans le British Medical Journal. Pour en arriver à ces conclusions, ils ont étudié dix comportements considérés comme des étapes importantes du développement chez des bébés d’un an.
Deux cohortes ont été analysées sous ce prisme: d’une part un groupe de 309 bébés nés entre mars et mai 2020, pendant le confinement, dit cohorte CORAL. D’autre part les informations d’un groupe de 1629 bébés, venues d’une base de données de 2008 et 2011, dit cohorte BASELINE.
Les parents ont dû évaluer dix habilités chez leurs enfants, parmi elles: la capacité à marcher à quatre pattes, à marcher de côté le long des meubles, à ramasser de petits objets avec le pouce et l’index, à connaître un mot défini et significatif, à pointer les objets du doigt ou encore à faire un signe de la main pour dire au revoir.
“Comme ils ne sont pas sortis, ils connaissaient déjà tout de leur environnement”
D’après les données réunies, à 12 mois, “moins de nourrissons de la cohorte de naissance CORAL connaissaient un mot défini et significatif (76,6 % contre 89,3 % pour BASELINE), pouvaient pointer du doigt (83,8 % contre 92,8 %) et dire au revoir avec la main (87,7 % contre 94,4 %)”.
Ces résultats “indiquent certains déficits potentiels dans la communication sociale au début de la vie”, écrivent les chercheurs.
“C’est intéressant, parce que beaucoup de ces bébés étaient à la maison et ne voyaient pas beaucoup de gens partir, ce qui signifie qu’il n’y a eu personne à qui dire au revoir”, explique au Guardian Susan Byrne, neurologue pédiatrique au Royal College of Surgeons.
“Les bébés ont aussi tendance à pointer du doigt quand ils voient de nouvelles choses qu’ils veulent, mais comme ils ne sont pas sortis, ils connaissaient déjà tout de leur environnement”, ajoute-t-elle.
“Les bébés sont résilients et curieux par nature”
En revanche, les chercheurs notent que les bébés nés pendant le confinement étaient plus nombreux à savoir marcher à quatre pattes (97,4% contre 91%).
L’une des explications possibles est “qu’ils sont susceptibles d’avoir passé plus de temps à la maison et sur le sol, avec des frères et sœurs à la maison et des parents travaillant à domicile ou isolés, plutôt que hors de la maison dans des voitures et des poussettes”, explique Jonathan Hourihane, chef du service de pédiatrie au RCSI (université de médecine de Dublin).
Ces écarts de capacités entre les bébés nés hors ou pendant le confinement restent légers et ne sont pas irrémédiables assurent les chercheurs, qui soulignent au passage qu’il est nécessaire de réaliser d’autres études sur le sujet pour affiner les résultats et mieux comprendre ces différences d’habilités.
“Les bébés sont résilients et curieux par nature, et il est espéré qu’avec la réémergence de la société et l’augmentation des cercles sociaux, leurs compétences en communication sociale s’amélioreront”, écrivent les chercheurs.