« Make the planet great again » (2017), « Ce quinquennat sera écologique ou ne sera pas » (2022) : par deux fois, en début de mandat, le président de la République, la main sur le cœur et le regard pénétré de promesses, s’est présenté aux Français comme le chantre de l’écologie « responsable ». Par deux fois, il leur a menti.
La promesse ne pouvait tenir. Derrière le mot « responsable » se dissimulait celui du « libéralisme économique », incompatible avec une politique écologique dont l’objectif est précisément de mettre fin aux ravages environnementaux, économiques et sociaux de ce modèle.
Président caméléon
Après un été de toutes les catastrophes, constatant l’ampleur des dégâts qu’il devenait impossible de minimiser ou de classer dans la catégorie des « événements exceptionnels », le président caméléon s’est empressé de ressortir du placard sa tenue d’« écolo en chef », de parler comme tel, avec les mots de nos combats historiques pour mieux leur tordre le cou et les détourner de leur sens. La macronie et ses affidés récitent aujourd’hui un vocabulaire qu’ils considéraient hier comme appartenant à une langue étrangère, pour ne pas dire barbare.
L’opération de communication est peut-être habile, mais ne peut plus tromper personne… Sauf celles et ceux qui se nourrissent du système et viennent aujourd’hui sans la moindre pudeur donner des leçons de « sobriété » dans le sillage du Medef. EDF, Engie et TotalEnergies appellent désormais à « changer nos comportements et à limiter immédiatement nos consommations énergétiques » [« Le prix de l’énergie menace notre cohésion », tribune publiée par Le Journal du dimanche le 25 juin].
Culpabiliser le citoyen est une stratégie de désinformation à laquelle les grands pétroliers américains nous ont déjà habitués pour poursuivre, à l’abri des regards, leurs activités climaticides : ainsi du méga-projet pétrolier Tilenga, de TotalEnergies, en Ouganda et en Tanzanie. On sait que ce projet, dénoncé par les écologistes et les ONG, affectera les terres de plus de cent mille paysans et provoquera des dégâts environnementaux considérables. On sait aussi que ce projet nourrit des régimes qui font régner la peur sur leurs populations et emprisonnent leurs opposants.
Ellul, Charbonneau, Anders, Mumford…
Quand les écologistes parlaient hier de « sobriété », ils étaient aussitôt accusés de « décroissants » voulant imposer aux Français « l’austérité », caricature d’un projet de société qui a pour but de préserver l’accès de tous aux services essentiels et de réduire la consommation excessive des plus aisés au nom de la justice sociale.
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