Lentement, prudemment, Taïwan apprend à vivre avec le Covid. Jeudi 13 octobre, le pays a mis un terme aux quarantaines obligatoires pour les personnes arrivant de l’étranger, la fin officielle de deux ans et demi de fermeture. Environ 48 000 cas de Covid et 80 décès sont actuellement enregistrés par jour pour une population de 23,5 millions d’habitants, soit sa deuxième vague la plus importante après un pic à 80 000 cas quotidiens en mai. Taïwan compte parmi les derniers pays d’Asie à rouvrir ses frontières. Seule la Chine applique encore une politique zéro Covid ultra-stricte.
Taïwan avait déjà progressivement réduit le nombre de jours de quarantaine : initialement de de quatorze, il était passé à dix, puis à sept en mai et à 3 en juillet, assortis à chaque fois de quelques jours de « surveillance » : obligation de prendre sa température chaque jour et d’éviter les lieux trop fréquentés. Cette pratique reste imposée aux voyageurs pendant sept jours.
De fait, le pays reste particulièrement prudent : les personnes contacts de patient positif sont encore tenues de s’isoler au moins trois jours, et le nombre d’arrivées sur le territoire taïwanais par semaine est encore limité à 150 000, contre 60 000 jusqu’à fin septembre. Une décision critiquée par les professionnels du tourisme.
Masque obligatoire
Surtout, le pays n’a pas abandonné toutes les restrictions : le masque est toujours obligatoire dans tous les lieux publics, y compris en extérieur, et il est porté avec discipline. Même dans les salles de sport, la plupart des usagers le portent : « Je l’enlève pour grimper, mais je le remets dès que j’arrive au sol, par respect pour les autres », justifie Mandy Chen, 35 ans, une pratiquante dans une salle d’escalade de New Taipei City. Si les jeunes soutiennent largement l’abandon des restrictions, les générations plus âgées sont divisées. « Mon père vit sa vie sans se soucier du Covid, mais ma mère, qui a refusé de se faire vacciner, est encore très inquiète », explique Mme Chen.
Cette approche prudente s’explique en partie par le succès passé de Taïwan à contenir le virus : en 2020, l’île indépendante, dont la Chine revendique la souveraineté, avait été le premier Etat à alerter l’Organisation mondiale de la santé, le 31 décembre 2019, sur le risque de transmission interhumaine, alors que la Chine allait encore prétendre pendant trois semaines que le virus n’était pas contagieux. Les autorités ont rapidement interdit les arrivées depuis le continent, puis imposé une quarantaine de deux semaines à tous les voyageurs quand le virus s’est diffusé au reste du monde. Résultat, pour l’année 2020 Taïwan ne comptait que 7 décès liés au Covid, et son économie enregistrait une croissance de 3 % quand le reste du monde plongeait en récession.
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