Alors que la France connaît comme toute l’Europe une crise énergétique et que le mouvement de grève touchant les raffineries s’est étendu à certaines centrales nucléaires, EDF a repoussé le redémarrage de cinq réacteurs, a appris l’Agence France-Presse (AFP), samedi 15 octobre, auprès de l’entreprise.
Les mouvements sociaux peuvent « avoir un impact sur le planning de retour en production de certains réacteurs », reconnaissait, mercredi, une porte-parole du groupe à l’AFP. « Pour les réacteurs en production, cela peut se traduire par des baisses de puissance temporaire », avait-elle ajouté.
Le géant électrique français a ainsi actualisé, en fin de semaine, la date de redémarrage de plusieurs réacteurs, sur son site Internet. Cela concerne les réacteurs Cattenom 1, Cruas 2 et 3, Saint-Alban 2 et Tricastin 3 pour des retards qui s’étendent d’un jour à près de trois semaines selon les réacteurs.
Grève dans six centrales
Vendredi, l’entreprise, en passe d’être totalement renationalisée, dénombrait des mouvements sociaux dans six des dix-huit centrales du pays, où la grève a été reconduite pour le week-end. Ce mouvement vise à faire pression sur les négociations salariales des entreprises du secteur de l’énergie. Chez EDF, une première réunion est prévue mardi, jour de la mobilisation interprofessionnelle organisée à l’appel de quatre organisations syndicales.
La plus grande centrale nucléaire de France, celle de Gravelines (Nord), est notamment touchée par le mouvement grève, tout comme celles de Cruas (Ardèche), de Belleville-sur-Loire (Cher), du Bugey (Ain), du Tricastin (Drôme) et de Cattenom (Moselle). Sur fond de forte inflation et portés par le mouvement social qui a fait tache d’huile dans les raffineries la semaine passée, les employés du secteur revendiquent une hausse des salaires à hauteur de 5 % pour 2022 et 2023.
Si ce mouvement social n’a pas d’incidence à ce stade pour le grand public et pèse essentiellement sur les finances d’EDF, il pourrait « impacter le calendrier » de remise à disposition de tranches nucléaires sur le réseau, la plupart des centrales en grève étant soumises à des opérations de maintenance, faisait justement valoir, vendredi, à l’AFP Claude Martin, de la Fédération nationale des mines et de l’industrie (FNME-CGT).
Emmanuel Macron a promis une remise « dans les prochaines semaines » de dix réacteurs
« Nous sommes aujourd’hui à trente réacteurs sur cinquante-six qui fonctionnent, nous allons passer dans les prochaines semaines à environ quarante, l’objectif est de passer à quarante-cinq en janvier », avait toutefois affirmé le président Emmanuel Macron lors d’une interview télévisée sur France 2 mercredi. « Cet objectif, tout indique que nous le tiendrons », a-t-il promis.
A l’approche de l’hiver, la France est fragilisée en raison d’une production électrique nucléaire au plus bas, liée à des travaux ou des problèmes de corrosion sur une partie de ses réacteurs nucléaires, sur fond de crise énergétique européenne liée à la guerre en Ukraine. Et elle ne peut guère compter sur sa production hydraulique, amoindrie en raison de la sécheresse.
Le gestionnaire du Réseau de transport d’électricité (RTE) avait jugé en septembre le risque de tension sur le réseau électrique cet hiver « accru » mais « maîtrisable grâce à une forte mobilisation » en faveur d’économies d’énergie, alors que le gouvernement a présenté son plan incitatif à la sobriété début octobre.
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