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« Nos entreprises prisonnières d’une époque révolue nourrissent un sentiment d’absurdité chez un nombre croissant de travailleurs »


« Donner du sens au travail. » Quoi qu’on en dise, les employeurs ne s’en soucient qu’en minorité et en surface. Même les entreprises qui ont fait l’effort de formuler leur « raison d’être » passent à côté de l’essentiel : le retour des enjeux vitaux, véhiculé notamment par la violence climatique et la précarité des ressources.

À l’exception de quelques actions de sobriété déclenchées par la flambée des prix de l’énergie, le quotidien des employés n’a pas changé durant ces dernières années. La hiérarchie des priorités qu’on leur donne est étonnamment stable. Les indicateurs jugés clés restent les mêmes.

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Les projets internes, les procédures, les outils, les formations… rien de tout cela n’a évolué fondamentalement. En réalité, nos organisations restent prisonnières d’une époque révolue, et nourrissent ainsi un sentiment d’absurdité chez un nombre croissant de travailleurs. Comment expliquer une telle inertie ? Et surtout, comment en sortir pour redonner du sens ?

Du problème de l’obsolescence individuelle

Beaucoup a été dit sur les causes de cette inertie, et il n’est pas question ici de toutes les passer en revue. J’insisterai sur l’une d’entre elles, passée sous silence malgré son caractère déterminant dans les organisations productives. Les projecteurs sont aujourd’hui braqués sur les menaces environnementales et industrielles. Ce choix est compréhensible, mais il laisse dans l’ombre une autre menace : l’obsolescence individuelle.

Pour en mesurer le poids, il faut tout d’abord considérer que chacun de nous a longuement et lourdement investi pour acquérir un savoir-faire. Ce savoir-faire est un ensemble de solutions dont la valeur dépend de la persistance des problèmes qu’il permet de résoudre. Autrement dit, notre existence en tant que producteur dépend entièrement des problèmes qui nous ont vu mûrir.

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Agir vigoureusement en faveur du climat et de la sécurité des approvisionnements revient à abandonner les problèmes passés, donc à dévaluer brutalement les solutions que nous incarnons… Il est vrai que d’autres avant nous ont vécu l’obsolescence individuelle, mais à un moment donné de l’histoire ils n’étaient qu’une minorité dominée.

Le danger du statu quo

Dans le cas présent, la menace concerne un nombre écrasant de décideurs et d’« influenceurs », c’est-à-dire les ingénieurs, les cadres, les professeurs et autres têtes pensantes à l’origine de ce qui structure la vie quotidienne des organisations.

De surcroît, ces acteurs se tiennent les uns les autres. Nous sommes tous entourés de patrons, de clients, d’actionnaires… bref de donneurs d’ordre. Prendre seul l’initiative de sortir de l’immobilisme revient à faire sécession. Cela implique de dire aux donneurs d’ordre : « vos préoccupations anciennes sont dérisoires ». Le verrouillage est systémique !

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Written by Stephanie

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