Une étude montre que plusieurs poissons et fruits de mer sont plus nutritifs que les viandes terrestres, tout en générant des quantités bien moindres de gaz à effet de serre.
La production de nourriture est responsable d’environ 25 % des gaz à effet de serre (GES) produits annuellement, la majorité de ces émissions provenant de l’élevage des animaux, en particulier le bœuf.
Des solutions de rechange à notre mode d’alimentation actuel, basé sur la consommation de viandes comme principale source de protéines, sont donc absolument nécessaires si on veut diminuer la production de GES et limiter au minimum les conséquences négatives du réchauffement climatique.
Plantes c. animaux
Puisque la majeure partie des émissions des GES proviennent de l’élevage, il est évident que c’est la réduction de la consommation de viande, et des produits d’origine animale dans leur ensemble, qui aura le plus d’impact positif.
Par exemple, la production de 100 g de protéines de bœuf génère en moyenne 100 fois plus de GES que la même quantité de protéines provenant des noix ou des légumineuses. Selon les spécialistes du climat, une alimentation végétalienne, sans aucun produit d’origine animale, pourrait à elle seule entraîner une réduction des émissions de GES de l’ordre de huit gigatonnes de CO2 par année1.
L’élimination complète des produits animaux est trop drastique pour la majorité des gens, mais l’important est de garder en tête qu’une diminution de l’apport en viande rouge, même modeste, a des impacts positifs sur le climat. Et aussi sur la santé en général, car plusieurs études ont clairement montré que manger moins de viande, surtout sous forme de produits transformés (charcuteries, fast-food), est associé à des diminutions notables du risque de plusieurs maladies chroniques.
Poissons et fruits de mer
Une étude récente suggère que les produits de la mer sont une autre solution de remplacement très intéressante aux viandes « terrestres » pour diminuer l’impact environnemental de l’alimentation2.
Dans cette étude, les chercheurs ont établi un score de densité nutritionnelle qui tenait compte des nutriments essentiels (protéines, certaines graisses, vitamines et minéraux) présents dans 41 espèces de fruits de mer, ainsi que dans les trois principaux types de viandes terrestres consommées (bœuf, porc et poulet).
En parallèle, les chercheurs ont analysé les émissions de GES associées à la production de l’ensemble de ces aliments pour obtenir un ratio GES/densité nutritionnelle et ainsi déterminer quels aliments étaient les plus nutritifs, tout en ayant la plus faible empreinte carbone.
Les résultats indiquent que trois grandes classes de produits de la mer présentaient un ratio avantageux et pouvaient être considérées comme les meilleurs choix en termes d’apport nutritif élevé, combiné à un faible impact environnemental :
1. les salmonidés sauvages comme le saumon sockeye et le saumon rose à bosse ;
2. les petits poissons pélagiques (qui vivent proche de la surface de l’eau) comme la sardine, le hareng, le maquereau et l’anchois ;
3. les bivalves cultivés comme la moule et l’huître.
Globalement, les auteurs estiment que la moitié des espèces analysées présentent un profil favorable (bonne nutrition, peu d’impact environnemental) et peuvent être considérées comme des options de rechange très intéressantes aux viandes terrestres.
Une exception serait cependant les crustacés sauvages (homard, crevette), qui présentent une densité nutritionnelle sous la moyenne, tout en étant associés à des émissions élevées de GES (presque du même ordre que celles produites par l’élevage bovin).
En somme, il n’est pas nécessaire de devenir un végétalien strict pour réduire l’impact environnemental des aliments que nous mangeons. Une alimentation pesco-végétarienne, basée sur la consommation régulière de poissons, de fruits de mer et d’une abondance de produits végétaux est une bonne (et délicieuse) façon d’y parvenir, sans compter que des études ont montré que ce mode d’alimentation était supérieur au végétarisme et au végétalisme pour réduire le risque de cancer colorectal3.
1. The Intergovernmental Panel on Climate Change. Special report : Climate change and land, Figure 5.12 (2019).
2. Bianchi M et coll. Assessing seafood nutritional diversity together with climate impacts informs more comprehensive dietary advice. Commun. Earth Environ. 2022; 3: 188.
3. Orlich MJ et coll. Vegetarian dietary patterns and the risk of colorectal cancers. JAMA Intern. Med. 2015; 175: 767-76.